07 décembre 2007

Agissons sans arrêt contre les films de haine: Contre Dewinter et Wilders

"L'histoire politique néerlandaise bégaye :"
dit Le Monde du 7 (6) décembre dans un article de son correspondent Pierre Stroobants (lien abonnés) à Bruxelles.
Et il poursuit:
"... comme au début des années
2000, les Pays-Bas assistent en ce moment à un débat virulent sur
l'islam et le populisme, ou plutôt l'utilisation par le second des
peurs que suscite le premier. La polémique est née d'une annonce de
Geert Wilders, chef du Parti pour la liberté - une formation populiste
de droite qui a décroché 9 sièges de députés en 2006, quelques mois
après sa fondation. M. Wilders a révélé qu'il préparait un film sur
l'islam. Il devrait le faire diffuser dans quelques semaines, sans
doute dans le cadre du temps d'antenne qui lui est concédé sur une
chaîne publique."
La fabrication de films provocateurs est en vogue auprès des extrémistes xénophobes du Nord: L'opinion publique "raisonnable" avait choisi, l'été 2004, à ne pas réagir à la co-production "Submission" de Théo van Gogh et d'Ajaan Hirsi Ali. La dernière jouissant alors encore d'un statut de quasi-sainte, tandis que le premier était connu pour ses provocations antisémites.
La conséquence de ce mutisme a été, au moins partiellement, le meurtre, le 4 novembre suivant, de Van Gogh à Amsterdam par un extrémiste islamiste.
Dans le climat hystérique qui s'est développé dans les mois suivants, la dénonciation par Geert MAK, (l'auteur d'un grand livre sur l'Europe au vingtième siècle, récemment traduit en Français), du caractère haineux du film, a été enterrée par une déluge de commentaires indignés des anciens gauchistes commentateurs de la presse quotidienne, qui s'étaient convertis en petits Pim Fortuyns. Parmi eux, l'écrivain Léon de Winter, commentateur de "Die Welt" (en allemand) et l'ancien correspondant de Libération aux Pays-Bas, le Français, fils de pieds-noirs, Sylvain Éphimenco.
Une proposition par le ministre néerlandais de justice de l'époque, M. Donner, à élargir la législation antidiscriminatoire du pays aux publications qui offensent les convictions religieuses, a également été rejetée par tous les commentateurs qui avaient découvert un objet facile servant à "unir" le peuple en haine xénophobe.
Une réaction rapide et ferme aux élucubrations filmées de Hirsi Ali aurait pu, au moins, diminuer l'isolement dans lequel les immigrés musulmans se retrouvaient et provoquer une discussion plus rationnelle.
C'est pourquoi il me semble important, à dénoncer immédiatement et fermement des initiatives comme celui du chef du "Vlaams Belang", Filip Dewinter, qui lance un film sur YouTube contre la construction de mosquées en guise d'un "clip" à la MCM. Et, en conséquence, également contre le projet de M. Wilders dont parle Le Monde. Ce dernier pense apparemment réaliser un projet qui a été plusieurs fois annoncé par Ajaan Hirsi Ali: un film qui "prouve" le caractère criminel du Coran et du prophète Mohammed. Hirsi Ali n'a pas obtenu l'aval de ses employeurs néoconservateurs à Washington pour ce projet-là. Alors, Wilders, qui ressemble de plus en plus à un cas psychotique, a décidé à l'exécuter.
Le gouvernement néerlandais, et une partie de l'opinion publique de droite et de gauche, ont, cette fois-ci, réagi:

Le gouvernement, manifestement inquiet, a lancé un avertissement au député qui, il y a quelques mois, avait plaidé l'interdiction du Coran dans son pays. "Les autorités craignent qu'une telle affaire dégénère, comme celle des caricatures danoises", explique un diplomate sous le couvert de l'anonymat.
Depuis quelques jours, la discussion porte, en outre, sur la nécessité d'organiser, ou non, une riposte aux initiatives du dirigeant populiste. Doekle Terpstra, ancien syndicaliste, membre du Parti chrétien-démocrate au pouvoir et président du Conseil supérieur des universités, a lancé un appel contre ce qu'il appelle "la wildersisation des Pays-Bas" et s'est adressé aux "gens raisonnables" pour qu'ils protestent contre "le message méchant" du député.
Ce dernier a répliqué en dénonçant un "propos répugnant", ajoutant qu'il n'était "pas très éloigné d'un appel à la violence".

Le paisible M. Terpstra, un ancien syndicaliste chrétien-démocrate, dont j'ai lu le texte, ne fait rien de la sorte. La référence de M. Wilders à un "appèl à la violence" sert uniquement à faire rappeler au public, que lui, Wilders, a été menacé par les islamistes. De provocateur, instigateur d'un "Jihad Libéral", is veut se transformer en victime de la trahison des 'dhimmis" intellectuels multiculturels.
dans les cercles anti-musulmans de droite, on dénonce sans arrêt les portevoix d'une approche plus saine et plus équilibrée, comme des gens "achetés" par les islamistes, agiraient consciemment pour un coup d'État islamiste et l'introduction de la Sharia!

Je pense qu'il faut agir avec force contre de telles stratégies et de telles dénonciations haineuses et offensantes. Accepter un niveau toujours plus méchant de dénonciations et de haine, mènera à une capitulation du genre 1933, à l'époque, où l'on a négligé à défendre laz République de Weimar.

Powered by ScribeFire.

06 décembre 2007

Belgique: Plan B

La solution de la crise gouvernementale (fédérale) belge n'a pas été aussi prompte que je la pensais. Les chrétiens-démocrates flamands (CD&V), victorieux aux élections grâce à leur "cartel" avec les restes d'un parti flamand-nationaliste (Volksunie), n'ont pas su se libérer de leurs associés décidés à rompre la Belgique une fois pour toutes.
Pas encore. Car une solution à la belge de la crise les obligera, sans aucun doute, à construire des compromis qui ne seront pas avalable par les nationalistes.
Une séparation de la problématique fédérale (qui devrait être étudiée par une grande Commission de l'État) de celle du gouvernement fédéral et son programme, n'a, finalement, pas été acceptée par la frange ultra-indépendentiqste qui tient notamment les Chrérµtiens-démocrates en ôtage.

Mais cette solution-là est en train de se frayer un chemin, toutefois, au moyen d'un "Plan B".

Le dynamique ministre-président Verhofstadt, libéral flamand, qui dirigeait le gouvernement fédéral depuis 8 ans et qui, depuis les élections du 10 juin, a du se limiter à la gestion des affaires courantes, vient d'être nommé par le roi comme "débrousailleur" de la crise.
Il travaille sur deux scénarios étroitement liés.
  1. Mettre sur pied une Commission multipartite pour l'étude d'une réforme de l'État.
  2. Faire accepter un élargissement des compétences de son gouvernement (libéral-rouge) sur des affaires "non-courantes".
L'issue de cette opération-là devra être un goevernement "tripartite" chrétien-libéral-socialiste. Ce n'est pas du tout ce que le monde des politiciens belge souhaitait. L'appariotion d'une majorité libéral-chétienne aux élections du 10 juin avait incité les dirigeants des libéraux wallons et ceux des chrétiens et des libéraux flamands à une euphorie "orange-bleue": enfin se débarrasser des socialistes wallons (grand parti, PS, ma is entamé par des scandales locaux, notamment à Charleroi) et flamands (part plus petit, mais moderniste et moins rigide que les socialistes wallons).

On parle beaucoup moins, ces derniers jours, du sujet chaud de Bruxelles et sa "couronne" francophone, mais territorialement flamande. C'est surtout les compétences régionales et leur élargissement éventuel qui est mentionné. Le compromis qui se dessine à ces sujets, est une échange de compétences: certaines, comme l'environnement, à re-fédéraliser; d'autres, comme les allocations de chômage à régionaliser.

Ce n'est pas du goût des régionalistes extrémistes. Mais ils devront s'y accomoder ou souffrir une nouvelle marginalisation. Verhofstadt joue, selon toutes apparences, sur ce scénario-là.

Je ne vois aucune perspective pour la région de Bruxelles dans ce jeu-ci. la logique des compromis à venir ne favorise pas l'essor d'une communauté multiculturelle et multilinguistique comme elle existe de fait dans la capitale de l'Europe. Le besoin d'espace, de liberté, qui préside au futur de l'agglomération, n'est aucunément pris en compte.

Les nouveaux développements sont le résukltat de la pression internationale et civile-belge en faveur d'un État fédéral belge viable. Bruxelles est envahie par des drapeaux fédéraux belges noir-jaune-rouge, suspendus aux façades par les habitants.

À mon avis, la Belgitude ne suffira pas pour Bruxelles. Il faut aussi un mouvement multiculturel, multilinguistique, pour la Ville.

Il faudrait suspendre le drapeau de la Région bruxelloise aux côtés des drapeaux belges. Pour que les provinciaux sachent.

19 novembre 2007

Bruxelles: le Vlaams Belang se trompe de Jardin


Dans la commune bruxelloise d'Etterbeek se trouve le petit traiteur "Jardin de Babylone". Ce n'est pas le restaurant "Jardin de Babylon" (sans "e"), dont la photo (plus bas) sert à illustrer l'"islamisation" de Bruxelles.
C'est ce dernier restaurant que je cherchais.
Pourquoi?

Hier, une libelle de 16 pages A4, imprimée en toutes couleurs, tomba dans notre boîte aux lettres bruxelloise. Expéditeur: Le parti extrémiste et revanchiste flamand le "Vlaams Belang" (La Cause Flamande). 8 pages en flamand, 8 pages en français. Bruxelles bilingue oblige. Heureusement!
Étant donné, que peu de Belges du Nord s'intéressent encore activement à la réhabilitation des collaborateurs flamands de la 2me Guerre mondiale et que la confédéralisation du pays a fort calmé les frustrations linguistiques, il est compréhensible, que le "VB" cherche désespérément de nouveaux sujets à attiser les sentiments d'insécurité.
Le cible est, en Belgique comme partout dans l'Europe actuelle, un public qui est ouvert à l'idée que les causes de ses malheurs viennent de l'extérieur, de l'étranger, de l'Europe, de la globalisation, symbolisés par la présence des immigrés et des refugiés. Cibler la Xenophobie, en bref.
Le Vlaams Blok n'y va pas à pas feutrés: Chacune des 2 fois 8 pages est remplie d'insinuations vilaines contre les gens originaires des pays d'émigration muslumans. Voici un exemple:
Des mensonges et des vérités sélectives. À peine 80.000 des 1.2 millons d'habitants de Bruxelles-agglomération sont d'origine turque ou nord-africaine. Les grands marchés de Bruxelles sont des lieux d'intégration par excellence. Ils ont été enrichis par la présence d'un grand nombre d'étals qui proples deux titres du pamfletosent ce que nous cherchons, à prix modéré. J'y rencontre tout le monde bruxellois, les vieux et les vieilles, les jeunes, chaque jour, au marché gigantesque d'Anderlecht. Et ainsi de suite. C'est dégoûtant et je me sens attaqué, cambriolé et offensé par cet imprimé du VB.
À en juger par les deux titres de la pamphlette, le VB essaie de 'capitaliser' sur les événéments du 11 septembre dernier à Bruxelles:
Nous en avions parlé dans plusiers langues à l'époque (Voir: les libelles Ulfkotte et/ou Vlaams Belang c.q. Blok, dans Huib's blogs, accessibles ici)
En abbrévié: M. Ulfkotte (allemand) et ses alliés anglais/danois du 'SIOE' projetaient une manifestation anti-islamique le 11/9/07 à Bruxelles. Le manif étant interdit, Ulfkotte tomba entre les mains du Vlaams Belang car il projetait combattre l'interdiction par la voie juridique. Le VB en profita pour organiser sa propre manif et récolta la photo montrée au titre flamand de sa libelle. Ulfkotte, tardivement conscient de la trappe dans laquelle il était tombé, s'est distancié de ces événéments, mais c'était beaucoup trop tard. Merci, M. Ulfkotte, au nom des Belges qui luttent contre l'extrême-droite!

Retournons maintenant au Vlaams Belang: Apparemment, ils ont voulu provoquer de l'agitation parmi les Bruxellois, les Francophones et les non-Francophones. Mais je ne crois pas qu'ils y croient eux-mêmes. La libelle très coûteuse a été créee pour la "tribune": flamande et internationale. Car chaque Bruxellois, francophone ou non-francophone, sait, bien sûr, qu'il y a de problèmes avec la jeunesse immigrée. Il sait aussi, que, en général, la gestion de ces problèmes est bien faite entre les mains des autorités locales élues, les bourgmestres et les échevins, ceux d'origine étrangère y inclus. Et alors, qu'est-ce que vient faire le VB là-dedans? Personne ne croit que les autorités, socialistes ou non-socialistes, ont été "achetées" et qu'elles trahissent leurs électeurs en poursuivant une "islamisation" de la société bruxelloise. C'est pourtant, ce que le VB dit.

Non, cette publication est destinée à la tribune internationale et européenne. Destinée à montrer que le VB est la seule force qui combat la "déseuropéanisation" de la capitale de l'Europe! Et, aussi, à montrer aux Flamands de province, que le VB "ose" s'attaquer aux perfides Francophones à Bruxelles.
Une malaise s'est emparée de moi, en lisant cette intrusion non-sollicitée dans ma boîte aux lettres. Est-ce que je suis considéré comme une personne assez bête à accepter la version VB de ma vie de tous les jours? Je me sens offensé. Lésé.
C'est pourquoi je cherche ce restaurant "Jardin de Babylon", quelque part dans les 19 communes bilingues de Bruxelles-Capitale. Il est montré dans la libelle du VB comme preuve de l'"islamisation" de la capitale de l'Europe:


Car, deux contre un, que le propriétaire est un Chrétien dévot, qui se réfère aux jardins suspendus de Babylone, mentionnés dans l'Ancien Testament. Une référence "judéo-chrétienne" des plus authentiques!
D'ailleurs, les ignorants du VB ne se rendent pas compte que c'est l'ire de Jahweh contre les bâtisseurs de la Tour de Babel, jugés trop orgueilleux et trop peu respectueux, qu'ils doivent l'existence elle même de leur langue! Le Dieu des Israélites, jugeant la Tour une Arme potentielle de Destruction Massive (ADM) contre Son autorité, frappa les constructeurs d'une différentiation linguistique (Génésis) durable. Ils ne se comprenaient plus. Avant, tout le monde parlait Sumérien.

Immédiatement, tous les ouvriers immigrés des quatre coins du monde (Hébreux, Éthiopiens et quelques ancêtres germains des Flamands, venant des steppes d'Asie) ne comprenaient plus les ordres des maîtres sumériens, ni l'un l'autre. la tour n'a jamis été terminée...
C'est à Babylon, que Dieu a préparé la scission de la Belgique, tellement désirée par les Flamands extrémistes!
Mais ils ont été aveuglés par le Diable de la Xénophobie et ils rejettent, dans leur ignorance, le Nom même de l'origine de leur Salut!

10 novembre 2007

Belgique Surréaliste: Se diviser pour vivre ensemble

De Toto Le Psycho:

Ne les croyez pas! - Tous ces commentateurs broyeurs de noir, qui annoncent une chute fracassante de l’État belge, ils n’en comprennent rien!

Au contraire: la Belgique vient d’être sauvée. Sauvée pour au moins deux ans. En 2009, une autre équipe de surréalistes déguisés en hommes d’État, viendra bricoler un nouveau sauvetage. Et ainsi de suite.

Belgique Surréaliste

La Belgique éclatée?

Mais elle l’est depuis longtemps!

Écoutez bien: Nous avons trois (3) gouvernements de Régions (Flandres, Bruxelles et Wallonie). Ils sont compétents pour toutes les affaires “non-personnalisables”, comme, par exemple, la voirie, l’urbanisme, l’économie (y compris les relations commerciales internationales!), etc.

Ces gouvernements sont composés de ministres, comme c’est le cas aussi pour les trois (3) gouvernements des Communautés (néerlandophone, francophone et germanophone). Ceux-ci sont reponsables pour les affaires “personnalisables”, comme, par exemple, les pensions, l’éducation, l’emploi, la culture, etc.

Les 7 gouvernements de la Belgique, forte de 10 millions d’habitants

Les régions de la Belgique

Est-ce que les gouvernements communautaires relèvent des mêmes personnes qui habitent chacune des trois régions? Non, pas du tout! Il y a des francophones qui habitent la région néerlandophone, et vice-versa. Les Germanophones habitent la Région francophone. Comme imbrication, ça va encore.

Bruxelles, orpheline de la logique communautaire belge

Mais Bruxelles et sa région, c’est là où les choses se compliquent énormément: Le noyau de l’agglomération, les 19 communes qui constituent la Région Bruxelles-Capitale, est bilingue (français-néerlandais). En théorie, tout se passe dans deux langues “aux mêmes droits”, chez nous. C’est visible sur les panneaux de circulation, les noms de rues et les avis officiels. Mais la réalité est différente: depuis longtemps, une grande majorité des Bruxellois parle le Français, un Français bien belge, bien bruxelloise. Les néerlandophones autochthones parlent souvent un patois historiquement intéressant, mais peu viable, et parsemé par des expressions et des constructions françaises. Ce qui ne signifie pas que le bilinguisme de Bruxelles devrait disparaître: Dans l’hôpital St. Pierre, il n’y a pas longtemps, j’ai assisté à une scène déchirante, où une vieille femme néerlandophone ne réussissait pas à expliquer au personnel unilingue français, ce qui lui était arrivé comme accident. Le bilinguisme de Bruxelles en tant que capitale d’un pays à majorité néerlandophone, est aussi bien un devoir politique qu’un devoir humanitaire envers une minorité linguistique régionale.

Mais il n’y a pas de gouvernement communautaire “bilingue” en Belgique. Donc, les affaires “personnalisables” des citoyens des 19 communes de la Région bruxelloise relèvent des gouvernements communautaires néerlandophones, respectivement francophones.

Chacune des Communautés a organisé une Commission de Coördination bruxelloise pour ses ouailles: COCOF pour les francophones et COCON pour les néerlandophones. Mais, quoi faire, lorsque les Bruxellois des deux sortes participent à la même institution d’éducation, de culture, de sport, etq.? Eh bien, puisqu’on en était à la création des Commissions: La Commission de Coördination des Communautés à Bruxelles (COCOCOB) s’en charge.

La “couronne” de Bruxelles en question

Mais ce n’est pas tout! L’agglomération bruxelloise est plus vaste que les 19 communes. Autour de Bruxelles, il y a quelques dizaines de communes de la Région flamande, dont 6 sont peuplées par une majorité francophone. Ces 6, plus une dizaine d’autres, sont les “communes à facilités”, i.e.: facilités linguistiques et culturelles pour les habitants francophones. Pour les affaires “non-personnalisables”, ces communes relèvent évidemment de la Région flamande et de ses provinces. Pour certaines des affaires personnalisables, comme les allocations de vieillesse et de chômage, c’est aussi la Communauté flamande qui s’en occupe.

[Pour ne pas trop compliquer les choses, nous passons sur le fait, que la Région et la Communauté flamandes sont unifiées dans un et seul gouvernement bicéphal, tandis que les Francophones maintiennent une séparation plus nette entre Région (wallonne) et Communauté (francophone). La dernière inclut évidemment la majorité des 1,2 million d’habitants de l’agglomération bruxelloise (Région et communes à facilités) qui ne relèvent pas de la Région wallonne avec ses 3,2 millions d’habitants, dont 0,15 million de Germanophones, disposant de leur propre Communauté.]

Pourtant, les écoles francophones des Communes à Facilités (sauf, naturellement, leurs bâtiments et leur personnel non-enseignant) relèvent de la Communauté française (en non pas de la COCOF de Bruxelles).

Un gouvernement fédéral impuissant, mais symbolique

J’entends bien votre question désespérée: “Et qu’est-ce que le septième conseil de ministres, le gouvernement de toute la Belgique, le gouvernement fédéral belge, donc, qu’est-ce qu’il vient faire dans ce jungle administratif?”

Réponse: Pratiquement - Rien. Nous avons un gouvernement national qui n’a quasi plus aucune fonction, sauf celle d’exister. C’est pourquoi tout se passe si bien dans ce pays depuis 152 jours sans gouvernement réel fédéral! Danger d’éclatement de la Belgique? Mais mettez votre montre à l’heure: La Belgique s’est éclatée depuis 17 ans déjà! Apparemment nous avons bien caché notre jeu. Tout le monde a cru à un État belge, a écouté ses ministres dans les conseils européens, en visite chez le président Bush et les Congolais ont continué à exiger d’eux des réparations pour les crimes léopoldiens dans leur pays… Mais, coucou!, ce n’était qu’un gouvernement fantôme, un objet de façadisme, une construction de Potemkine! Une histoire de Tintin. Probablement la meilleure.

Surréalisme de la représentation commerciale de la Belgique à l’étranger

Les Chinois, eux, il sont les seuls à avoir commencé à se méfier. Quand, en 2004 et en 2005, des délégations commerciales belges sont arrivées à Pékin, chapeautées par le Prince Philippe et son épouse charmante, ils se sont inquiétés du degré de non-coordination entre les trois régions belges, chacune représentée séparément par un

Mathilde au premier plan - le couple princier en Chine

ministre et ses fonctionnaires. Ils n’étaient pas amusés, les Chinois. Ils se sont rendus compte que c’était ainsi que l’Occident aurait bien voulu que la Chine se déplace sur le champ diplomatique, articulée en trois délégations autonomes et disparates, celle de Hongkong, du Taïwan et de la Chine continentale.

BHV: Un élément oublié des réformes communautaires belges

Quittons la scène internationale des Grands et retournons à la “Rand”, la couronne de communes à facilités, de Bruxelles. Car c’est là que le drame de ces derniers jours se passe. Les communes flamandes de la “couronne” relèvent de la Province du Brabant Flamand. Cette Province a été coupée en deux à l’occasion des grandes réformes d’État belge des années ‘80. Il y a aussi un Brabant Wallon, qui relève de la Région Wallonne (ou “française de Belgique”, ça varie). Les communes sont donc flamandes. La langue administrative est le néerlandais. Même, si la majorité des citoyens inscrits est francophone, si le maire est francophone, etc. Je me suis indigné, il y a 5 ans, quand un ministre (Peeters) du gouvernement flamand (Région+Communauté) a obligé les citoyens francophones (ou étrangers comprenant le Français, mais pas le néerlandais - et il y en a beaucoup en agglomération bruxelloise à vocation européenne) à répéter chaque année leur demande à recevoir les communications officielles (impôts, circulaires) en français au lieu du néerlandais. C’est exactement ce qu’il ne faut pas faire, si l’on veut servir l’intérêt de la langue et de la culture néerlandaise. C’est de la discrimination de groupe, de la relégation. Au lieu de proclamer le Français comme une deuxième langue de la Région flamande, de rassurer les habitants en ce qui concerne leurs droits et de leur statut de bienvenus dans la région et d’assurer leurs droits de minorité linguistique en accord avec les règles européennes en vigueur (la Balgique n’a toujours pas souscrit à cette législation-là!), au lieu de cela, on a commencé à inquiéter les citoyens et à les provoquer à la désobéissance.

Les motifs et les contraintes des Flamands

Pourquoi est-ce que les Flamands font cela? Leur excuses sont l’histoire (caduque depuis un demi-siècle) de leur discrimination par les élites francophones, et, plus fort peut-être, l’action des extrémistes francophones bruxellois des années ‘70 et ‘80 avec le Front de Défense des Francophones (FDF) sous la direction de la fille de Henri Spaak. Les FDF sont actuellement intégrés dans le grand parti libéral MR de Bruxelles et de Wallonie. mais la raison principale, à mon avis, c’est la difficulté que les politiciens ressentent toujours, quand il s’agit de changer de répertoire. Le Belge commun, il se fout pas mal de ces luttes de chapelle communautaires. Il le montre régulièrement, comme à l’occasion de la mort du roi Bauduin en 1993 et maintenant aussi, en attachant un drapeau belge (fédéral, noir-jaune-rouge) à sa façade. Bruxelles en est plein, en ce moment. C’est une façon digne de s’exprimer. Comme la gigantesque Marche Blanche de 1995, contre les magouilles des justiciers et des policiers dans l’affaire-Dutroux. C’est une des raisons, pourquoi j’aime mes nouveaux compatriotes: leur dignité et leur common-sense.

BHV: Un arrondissement électoral symbolique

Vous me suivez toujours? Alors, encore un petit effort. La redistribution du territoire entre les régions et la catégorisation des citoyens en communautés n’a pas toujours été accompagnée par une opération parallèle dans la redistribution des arrondissements de jurisdiction et ceux d’élections. Une partie des communes à facilités appartient non pas à un arrondissement d’élections flamand, mais à l’arrondissement Bruxelles-Halle-Vilvoorde (BHV), qui est bilingue français-néerlandais. En BHV, le citoyen peut choisir, à chaque élection, s’il veut voter pour des candidats de partis francophones ou néerlandophones. Ce qui n’est pas le cas dans tous les autres arrondissements belges.

La logique des grandes réformes d’État belge aurait en effet été de scinder cet arrondissement en une partie bruxelloise (les 19 communes qui constituent sa région) et en une partie qui relève de la province du Brabant flamand. C’est ce que, mollement, le Conseil d’État belge a reconnu, il y a quatre ans.

Où est le citoyen dans tout cela? Contre-productivité des actions flamandes.

Mais une autre logique, celle de la liberté des citoyens à voter pour les candidats de leur choix, aurait été, d’élargir l’arrondissement bilingue bruxellois à toute la province du Brabant. Ou, si je peux donner mon avis, même à toute la Belgique. On réforme l’État pour les citoyens et leur plus grande liberté, non pas pour permettre aux politiciens à se battre sur le champ des formalités pour un peu plus ou un peu moins de pouvoir.

Je suis absolument favorable à l’émancipation du peuple flamand, de sa langue et de sa culture. Je ne pense pas qu’un État flamand y soit nécessaire. Mais soit. L’important dans ce cas, est ceci: Forcer une grande partie des électeurs de B-H-V à abandonner une partie de leurs droits est décidément contraproductif pour cette émancipation-là! Et davantage encore: cette action relève de la volonté à isoler Bruxelles dans ses 19 communes, ce qui est encore plus contraproductif pour les Flamands. Des dizaines de milliers de Flamands viennent chaque jour gagner leur pain à Bruxelles. Les revenus d’État générés à Bruxelles, sont trois fois plus élevés par habitant qu’en Flandres. Dans la situation actuelle, ces revenus bruxellois servent en grande partie à nourrir les budgets des deux autres régions. Détacher la Flandre de la reste de la Belgique, signifierait une énorme perte de revenus pour cette région, devenue alors “État”.

Comprendre les votants pour le Vlaams Belang

Car je crois bien les politiciens de la majorité en Flandre, quand ils disent qu’ils ne veulent pas la destruction de la Belgique comme État (con-)fédéral. Ils comprennent très bien, que la Flandre a besoin de la Belgique, de Bruxelles en premier lieu, pour exister. Seulement, ils poussent leur avantage (d’être majoritaires et plus riches que les autres) trop loin en ce moment. Leur excuse: l’haleine haletante de l’extrémisme flamand qui chauffe leurs nuques. Le Vlaams Belang (ex-Blok) rassemble environ 25% de la vote régionale. La direction de ce parti-là est encore toujours dominé par des revanchistes (et leurs enfants) de la collaboration avec les Nazis en 40-45, frustrés par la répression sévère et pas toujours juste de l’après-1945 en Belgique.

Mais ceux qui votent pour le VB? Leur grande majorité n’aime pas des aventures destructives. Au contraire: ce sont des gens apeurés par les changements. Les changements économiques qui rendent l’emploi difficile, l’immigration d’étrangers qui demande leur adaptation. C’est d’ailleurs ce dernier thème qui domine depuis des années le discours du VB et pas non plus le “Chagrin de la Belgique” (d’après le célèbre livre de Hugo Claus, lui-même d’ailleurs un supporter éminent de l’action pour une Belgique solidaire, portée par une multitude de sommités culturelles flamandes). Le menace du “Belang” n’est alors que d’ordre électorale, il ne représente pas un militantisme anti-belge, pour un État indépendant flamand. Pour la plupart des Flamands de la rue, ce serait un cauchemar…

Solution belgo-belge: Provoquer la Commission des Sages

Il est temps, maintenant, de retourner à l’imbroglio actuel en Belgique. Pour un Français, un Prussien, un Anglais (mais pas pour un Écossais), le méchanisme belge doit être incompréhensible. Disons, pour l’expliquer, qu’il s’agit d’une instrumentalisation de l’État. Car, comme l’État belge ne relève pas d’une nation, comme dans les pays précités, celui-ci est le tarrain de jeu quasi exclusif de la classe politique. Voici ce qu’on a fait: Le parti qui a gagné les élections en Flandre (car il n’existe plus de partis pan-belges), le CD&V, chrétien-démocrate et en “cartel” avec les nationalistes flamands modérés de l’ancienne “Volksunie”, s’était obligé à forcer la flamandisation de la moitié de BHV. Les négociations en vue d’un gouvernement des chrétiens-démocrates des deux communautés avec les libéraux des deux communautés se heurtèrent à cette exigence. Le formateur CD&V (Leterme) a d’abord essayé à éviter le sujet, en espérant que le parlement allait le résoudre par voix majoritaire (flamande) dans son sens. Les Francophones ont insisté à l’intégrer au programme gouvernemental.

Après un ballet de “sages” informateurs, explorateurs et médiateurs, la seule solution viable s’avérait l’appèl aux commissions d’État. Pour forcer cela, dans une réunion d’une commission du parlement, une majorité flamande s’est exprimé pour la scission de l’arrondissement BHV. Dans une séquence bien enscènée, les Francophones se sont indignés, les Flamands ont déclaré qu’ils étaient toujours attachés à une Belgique entière et le Roi (Albert) a instauré … une commission de “sages” qui s’occupera exclusivement (donc hors du gouvernement futur) des problèmes “communautaires” soulevés par le vote sur BHV. Résultat: tout le monde a gagné. Les Francophones célèbrent l’abortion d’une action flamande qui allait trop loin. Les Flamands ont obtenu gain de cause, car le gouvernement ne s’occupe plus des questions “communautaires”, comme ils l’avaient voulu dès le début. En exécutant les simulacres d’une crise de l’État, ce même État a été préservé d’une façon bien chinoise (encore les Chinois! Qu’est-ce qu’ils viennent faire ici?).

Conclusion: Laisser les affaires belges aux Belges, mais veiller sur Bruxelles

Conclusion: Il faut laisser faire les Belges. Ne vous y mêlez pas. Par des voies et des routes connues seulement du dieu des surréalistes, ils trouvent toujours une issue. Nos soucis restants concernent uniquement la ville de Bruxelles. Ni Wallons, ni Flamands ne se soucient assez d’elle. Pourtant, Bruxelles est l’atout principal des Belges pour le XXIme siècle. Capitale de tout et de rien (OTAN, UE, région flamande, la Belgique, etc.), elle constitue un lieu libre, plein d’opportunités, pour le développement d’une vaste et riche région sur le plan économique, sociale, culturelle et de gouvernance mondiale. Les compromis à la Belge ne sont pas une bonne base pour son développement.

Bruxelles se doit de se faire entendre davantage dans le concert de chambre belge. Elle vaut une rupture de tradition.

Je suis un Hollandais belge, mais d’obédience bruxelloise. J’y tiens.

Cet article sera publié en français sur “L’Europe Chez Soi”. Ma déclaration sur le bilinguisme m’oblige, mais je l’aurais fait de toute façon, de le publier aussi en néerlandais dans De Lage Landen et dans In Europa Thuis.

Plusieurs de mes amis des autres pays de l’UE m’ont demandé des informations sur la “crise belge” (qui n’en est pas une). Exemple:

Mon ami, a la tele bulgare, on a parle de graves problemes en Belgique pour etre toujours sans gouvernement.Voila ce que j’ai trouvé. Est-ce si grave que ca? Mon Hubert, le sage, tu m’expliqueras?

Je t’embrasse: ta D.

La troisième mort de la Belgique

LUC DELFOSSE

mercredi 07 novembre 2007, 21:15

Ci-gît le fédéralisme d’union. Et… le cordon sanitaire. Combien de « vies » nous reste-t-il ?

*

Belga

Morte et enterrée, la Belgique ? Allons donc : depuis 177 ans, elle en est au moins à sa troisième agonie communautaire.

Tenez : en 1840, déjà. L’ordre bourgeois, arrogant et francophone imposé dix ans plus tôt par ses pères fondateurs, encaisse déjà les premiers coups de boutoir de la Flandre qui exige très naturellement la parité linguistique. Tout commence donc très mal. Sous les flonflons et les « Amour sacré de la Patrie », tous les signes du délitement affleurent. Comme si la Belgique avait été « has been » avant d’avoir été vraiment…

et de continuer:

Jusqu’à « la grande et horrifiante vérité » de Destrée : « Sire il n’y a pas de Belges ». Nous sommes en 1912. La lettre du député socialiste marque un tournant capital dans notre histoire : la question belge ne se résume plus à un problème culturel ou linguistique. Elle est un problème de nationalité. [..]

Au ponant du XXe siècle, après quatre liftings aussi éreintants que le creusement de la jonction Nord-Midi, place à l’État fédéral. Il se compose « des communautés et des régions » (article 1 de la Constitution du 17 février 1994). Il comprend trois communautés (article 2). Mais aussi trois régions (article 3). Mais encore quatre régions linguistiques (article 4).

C’est la Belgique du fédéralisme d’union. Du consensus plus ou moins mou. Celle de Baudouin, de Martens, de Dehaene. [..]

Dans un affrontement d’une brutalité et d’un cynisme politiques rarement égalés, une communauté unie comme un faisceau de baïonnettes, dans une alliance objective entre démocrates et néofascistes, a eu raison de l’autre.

Ce n’est plus un vague sentiment ou un monôme de students dans les rues de Leuven. C’est un fait désormais : pratiquement l’ensemble de la classe politique flamande est contaminé. Du haut de sa santé économique insolente, la Flandre a fait triompher la loi du plus fort. [..]

On comprend que, avec de telles paroles de détresse, les Européens s’inquiètent.

Que mon message soit claire et net: Il n’y a pas d’éclatement belge. Les politiciens jouent leur jeu. Le problème de fond, c’est l’identification de l’État avec la “nation”, avec le “peuple”. La communauté ne pourra jamais remplacer l’État. Le peuple ne voudra jamais s’identifier à un État, mais bien à une Nation. Que les nations s’émancipient de l’État, comme elles se sont émancipées de leurs églises. Après la “séparation de l’Église de l’État”, il est temps de séparer aussi la nation et la communauté de l’État. L’État est une construction qui relève de la logique économique et militaire. Repenser l’État, faciliter la célébration de la Nation sans limitation de frontières, c’est le seul moyen d’en sortir.

Et comment expliquer tout cela aux Bulgares?

02 novembre 2007

Istamboul - Architectes et Participation

18/19 octobre 2007: Conférence organisée par l'association mondiale des architectes et des urbanistes INTA, avec les participants d'un programme européen (City 2 City), animé par la Région de Calabre (Italie du Sud), à l'Aydin Universitesi d'Istamboul.
Quelques images (photos prises par l'auteur de ce blog):


Atatürk, le fondateur de la Turquie moderne. Il est décédé quelques ans après la 2me guerre mondiale, mais son année de décès est intentionnellement omise sur la plaque commémorative. (Grande salle de conférences d'Aydin). Les trois étudiantes rebelles d'Aydin que j'ai rencontrées là-bas, jugeaient l'omission "infantile".


Vue en direction du Bosphore, prise du toit des bâtiments de l'académie Aydin. (Car ce n'est pas une véritable université).


Photo de famille des autorités locales et universitaires qui ont participé au séminaire.


Le Val(i)de Sultan Cami (fin 17me siècle), vu du haut de la fenêtre de ma chambre d'hôtel que je partageais avec une petite armée de cafards.

Un compte-rendu du séminaire paraît dans e-urban.
Un article sur la Turquie et l'Europe suivra ici.
Posted by Picasa

04 juillet 2007

Qui veut détruire le Liban?

Il y a un an, la guerre de 30 jours d'Israel contre le Liban touchait à sa fin.
La reconstruction progresse. Mais il y a paralysie, stagnation, dans le monde politique du pays.
Toutefois, le "miracle" d'une cohésion durable entre les 18 grandes et petites communautés ethniques et religieuses, se maintient, malgré la discussion irrésolue sur la recomposition du gouvernement, malgré les manoeuvres subversives et divisives venant de l'extérieur.

L'Europe a beaucoup à perdre si le Liban s'effondre
La cohésion fragile du pays représente, en principe, l'alternative démocratique au Moyen-Orient, tant souhaitée par l'Occident. Sincèrement par l'Union Européenne, qui est si proche et si semblable de composition. Moins sincèrement par les États-Unis de Bush, qui préfèreraient un Liban tête de pont contre la Syrie.
Malheureusement, la sincérité de l'UE ne se traduit que faiblement. Par rapport aux intérêts majeurs de l'Europe à protéger et à stimuler le processus démocratique au pays, son engagement reste insuffisant.
La publication d'un livre plein d'analyses et d'informations par la présidente de la commission du Parlement Européen, en avril de cette année, pourrait provoquer des changements positifs en France et en Europe.
<- Béatrice Patrie (PSE)


Citation du journal "La Croix", empruntée au site web (PSE) de Béatrice Patrie (12.04.2007):

Béatrice Patrie, ancienne présidente du Syndicat de la magistrature et actuelle dépu­tée européenne, et Emmanuel Español, historien et spécialiste du Proche-Orient au Parlement européen, partagent la même indignation pour cette guerre de juillet. Ils l'ont disséquée d'un point de vue factuel et politique dans Qui veut détruire le Liban ? , afin qu'il n'y ait aucun doute sur les causes et les responsabilités des uns et des autres.

Ils dénoncent une « guerre préméditée » et cet acharnement à détruire le Liban «au moment où il avait gagné trois batailles :
  • celle de la souveraineté, avec le départ des Syriens,
  • celle de l'organisation d'élections aboutissant à l'alternance politique
  • et enfin le décollage éco­nomique.
Tout cela a été détruit de façon systématique le 12 juillet. » Et de poser cette question : « Ce pays multiconfessionnel, démocratique, souverain, peuplé de 18 communau­tés, est-il supportable pour Israël? »
Ils pointent aussi le manque de volonté politique de l'Union européenne et les clivages qui di­visent ses membres dès qu'il s'agit du Proche-Orient. Et n'éludent pas pour autant les failles du système libanais : « Tant que perdureront les déséquilibres territoriaux et sociaux, tant qu'il n'y aura pas d'État pour assurer un minimum à ses citoyens, le repli communautaire s'accen­tuera. »
Leur analyse bouscule pas mal d'idées reçues, notam­ment sur le Hezbollah, trop souvent considéré seulement comme une organisation terroriste, alors qu'il est une « véritable expression politique et sociale de plus de 30 % de la population libanaise » , ou sur l'accord entre ce « parti de Dieu » et le courant du général chrétien Michel Aoun, signé en février 2006. Alors que, le 12 juillet, il y aura un an que la guerre a éclaté, ce livre pose les défis d'aujourd'hui.


AGNÈS ROTIVEL
Trouver un signalement du livre sur huibslog.

23 juin 2007

Pologne/Europe: Les fruits de la prise en otage

L'issue du sommet européen de Bruxelles est désormais connue: Les Polonais ont obtenu des concessions. Mais à quel prix?
Reuters, via Yahoo.fr (voir article précédent):

La Pologne obtient des concessions de l'UE en écornant son image
VARSOVIE OBTIENT DES CONCESSIONS DE L'UE MAIS ÉCORNE SON IMAGE
agrandir la photo

VARSOVIE (Reuters) - La méthode de négociation polonaise du "tout ou rien" a fait certes reculer l'Union européenne, mais au prix de relations distendues avec ses autres partenaires européens.

Les frères Lech et Jaroslaw Kaczynski, président et Premier ministre de la Pologne, ont présenté le compromis arraché à Bruxelles sur un nouveau traité européen comme une victoire de leur conception de l'Europe, synonyme d'un renforcement du pouvoir de Varsovie.

Des observateurs estiment toutefois que les jumeaux sont, à plusieurs reprises, allés trop loin dans leur rhétorique avec, notamment, cette référence lancinante à l'occupation nazie lors de la Seconde Guerre mondiale. Ils redoutent que cette méthode ne nuise, à long-terme ou de façon permanente, à leurs relations avec l'Allemagne et avec d'autres poids lourds européens.

"Je suis heureuse qu'il y ait eu un compromis", a déclaré Irena Lipowicz, experte en diplomatie à Varsovie.

"Mais le coût politique et en terme d'image, autant que notre capacité à coopérer avec les autres pays, est très, très importants", a-t-elle ajouté.

Le Premier ministre polonais a choqué de nombreux responsables européens en affirmant que la Pologne méritait un plus grand nombre voix au Conseil européen étant donné que sa population serait aujourd'hui plus importante si les nazis n'avaient pas tué des milliers de Polonais entre 1939 et 1945.

NÉGOGIATEURS IMPRÉVISIBLES

Les chefs d'Etat européens ont également pris ombrage du fait que Jaroslaw Kaczynski, resté à Varsovie durant le sommet, ait annoncé vendredi en fin de soirée que la Pologne n'avait pas d'autre choix que d'utiliser son veto.

La chancelière allemande Angela Merkel, présidente en exercice de l'UE, avait alors déclaré qu'elle continuerait à travailler à l'élaboration d'un compromis de toute manière, avec ou sans la Pologne.

A l'issue du Conseil, le président Kaczynski s'est félicité de la capacité de son pays à désormais mieux coopérer avec les poids lourds européens.

"La Pologne est capable de coopérer avec la France, la Grande-Bretagne et aussi avec l'Allemagne", a-t-il déclaré.

Les jumeaux polonais ont toutefois gagné à Bruxelles une réputation de négociateurs imprévisibles et ceux-ci devront multiplier leurs efforts pour gommer l'image de la Pologne comme celle d'un nouvel entrant récalcitrant et peu commode.

Eurosceptiques et atlantistes convaincus, les frères Kaczynski ont menacé à plusieurs reprises de torpiller des décisions importantes prises par l'UE.

Certains en Europe expriment enfin de très fortes réserves à l'égard du tandem Kaczynski pour son apparente tolérance envers les comportements xénophobes ou la discrimination des homosexuels en Pologne.

Et une note précédente de Reuters stipulait:
samedi 23 juin 2007, 16h47

Implacable, la méthode Kaczynski peut donner l'impression d'avoir payé, mais à quel prix ?

Par EuroNews
Les Polonais eux-même ont conscience que les relations avec certains voisins européens, à commencer par l'Allemagne, n'en sortiront pas indemnes

Commentaires dans les rues de Varsovie : "Négocier si durement n'en valait peut-être pas la peine, mais le résultat a quand même montré que c'était utile. On verra plus tard ce qu'il en coûtera à la Pologne." "Je pense qu'il est bon que l'on ait finalement accepté un compromis, que l'on ait renoncé, mais se montrer obstiné, cela peut être payant à long terme." L'argument de trop aura été celui de la Seconde guerre mondiale, qui a valu à Varsovie une série de réprobations. Pour obtenir plus de poids dans les décisions européennes, la Pologne avait suggéré d'ajouter au chiffre de sa population les millions de victimes polonaises attribuées au régime nazi. En Allemagne, on se félicite du sang-froid de la chancelière : "Je n'aurais pas été aussi patient que Mme Merkel. Elle a fini par menacer d'aller de l'avant à 26 pays en laissant derrière la Pologne. Moi, je serais sorti de mes gonds bien plus tôt que ça. J'aurais demandé à la Pologne de revenir à la raison." "Ils veulent peser plus dans les votes, mais il y a des choses que je ne comprends pas, en particulier les déclarations qu'ils ont faites sur la Seconde guerre mondiale et les morts qui devraient être comptés dans le mode de calcul. Je ne peux pas le cautionner." Des réactions peu différentes de ce qui a été entendu dans les couloirs bruxellois. Ce marathon de 36 heures risque de poursuivre longtemps la Pologne des frères Kaczynski.
Transformer l'Union Européenne en véritable force commune de dissuasion, c'est plus que jamais, la solution qui s'impose. Je sais, cela va tout à fait contre le courant eurosceptique du moment. Mais c'est la seule sortie possible.

Arithmétique polonaise (et néerlandaise)

Voici l'article que nous publiions à Toto le Psycho sur la politique européenne destructive des Polonais et des Néerlandais:

pol-kaczynski-jaroslav-lech-6708-spi.1182619721.jpg

La racine carrée ou la Mort!
Le Surréalisme nous surprend chaque fois qu’il se manifeste.

Pourtant, nous habitons Bruxelles, capitale incontestée de ce passe-temps artistique de la première moitié du XXme siècle…

“Arithmétique hollandaise
fut appelée l’astuce du royaume néerlandais, appliquée au référendum en Belgique de l’année 1815, qui comptait tous les votes non-exprimés comme favorables à l’union entre les deux pays. Union qui ne devrait durer que 15 ans et qui se termina sans gloire à cause d’un … opéra (La Muette de Portici), qui éveilla le désir de liberté parmi les bourgeois bruxellois de l’époque.

De l’opéra à l’opérette et puis au vaudeville. Les “terrible twins” Kaczinsky de la Pologne ne mourront pas pour la racine carrée. Leur cas est bien plus grave. Ils ont réussi à convaincre une partie considérable du public polonais, qu’une quatrième partage de la Pologne entre la Prussie, la Russie et l’Autriche serait imminente.

Avec cela, il a touché une sensibilité nationale, qui n’est pas seulement compréhensible mais aussi, en grande partie, justifiée par l’histoire des trois partitions successives du pays pendant les 18me et 19me siècles.

L’histoire polonaise trop mal connue
Ce n’est qu’en 1920, en se libérant de ses maîtres russes et autrichiens, qu’une Pologne indépendante réémergea, avec Varsovie comme capitale. Elle resta alors sur sa faim quant à ses irredenta occidentales, dont “Freistadt” Gdánsk (Danzig) figurait comme symbole.

En 1945, à l’Est, la Pologne de 1920 a été de nouveau dépouillée de grandes parties de son territoire par l’URSS victorieux, en faveur de la Biélorussie et de l’Ukraine. Tandis que, à l’Ouest, elle a été en partie compensée aux dépens de l’Allemagne, en s’intégrant la Silésie (riche en minerais) et autres territoires, souvent allemands depuis des siècles et en chassant la plupart des habitants allemands de ces territoires-là.

Méfiance polonaise, plutôt justifiée
Les angoisses et les méfiances polonaises n’en sont que davantage compréhensibles. En particulier de la part des citoyens d’autres nations européennes qui ont une histoire marquée par le souci permanent de préserver leur territoire, leur langue, en face des ambitions des “grands pouvoirs” anglais, français et allemands. Les danois, les hollandais, les belges, par exemple.

Parallèle avec la situation historique néerlandaise
Leur politique, en particulier celle des Néerlandais, a toujours été de peser en faveur d’un équilibre entre ces trois-là en restant “neutres”, casu quo, s’alliant avec un ou deux des “grands”, aux moments que l’autre devenait trop menaçant. Cette politique a été efficace pour la Hollande de 1814 (fin de l’occupation napoléonienne) à 1940 (début de l’occupation nazie). Elle a aussi comporté certaines sacrifices lourdes: Séparation de la Belgique en 1831 (formellement en 1839), dépendance de l’Angleterre pour ses colonies (l’Indonésie) et incapacité de défendre ses colons sud-africains (les Boers) contre ces mêmes Anglais en 1899.

Après 1945: l’alternative américaine
Après 1945-1948, l’apparition d’un nouveau pouvoir dominant sur le scène (ouest-) européen, les USA, permetta aux Hollandais (ainsi que les Danois, etc.) de sortir de leur politique équilibriste européenne et de s’enfuir sous les ailes américaines, représentées avant tout par l’OTAN. Encore maintenant, après tant de preuves de désintéressement des Américains d’après-1990 et après la transformation de l’OTAN en réservoir de forces d’appoint pour les aventures américaines au monde entier, il reste pas mal d’atlanticistes, méfiants à l’unification européenne, dans les Pays-Bas.

En principe, les Polonais font la même chose que beaucoup d’experts hollandais
Il n’est donc pas étonnant, que les Polonais, fraîchement accueillis dans l’OTAN, comptent parmi les plus zélés fournisseurs de services à leur nouveau pouvoir tutelaire: les USA. Avec leur participation massive, en 2003, à l’invasion en Irak et avec les facilités fournies aux centres de torture de la CIA, ils se promettent une garantie contre les deux pouvoirs menaçants restants: l’Allemagne, dorénavant unie, et la Russie. Malgré les résultats plus que décevants de leurs services en Irak (pas de contrats pétroliers, ni participation signifiante aux grands travaux d’infrastructure promis en 2003), ils ne voient pas d’autre voie que la voie américaine, en ce qui concerne leur sécurité.

Si l’Union Européenne n’offre pas une perspective crédible de sécurité aux pays comme la Pologne, une position de méfiance de leur part, restera en vigueur
Considérant (à tort, à mon avis), l’Union Européenne comme une entreprise essentiellement allemande, d’où les Anglais se sont de plus en plus exclus et où les Français ne jouent plus leur rôle historique de défenseurs de l’indépendance territoriale et culturelle de la Pologne, ils se sont choisi pour objectif, faute de pouvoir en sortir, d’y obtenir un pouvoir de “blocage” maximal. Autrement dit: Ne distinguant pas de possibilités suffisamment concrètes pour qu’une UE qui réalise son poids politique et militaire mondial, leur fournisse les sécurités dont ils ont besoin, ils croient qu’en “neutralisant” celle-là autant que possible, ils s’offrent une sécurité relative sous la parapluie américaine.

Je crois que ceci explique l’absence de toute proposition positive polonaise pour un renforcement de l’UE et une limitation aux velléités internationales des “grands pouvoirs” européens, ainsi que leur acharnement pour la racine carrée, faute de pouvoir de véto.

Le besoin d’un pouvoir de blocage
Les frères Kacsinszky n’envisagent donc pas tellement à mourir pour une formule arithmétique, mais pour un objectif négatif, c.à.d.: pouvoir bloquer toute avance européenne qui ne soit pas totalement à leur goût. Il faut reconnaître qu’ils ne sont en principe pas du tout seuls en Europe. La majorité néerlandaise rejetant la Constitution en 2005, était, à des degrés variables, également inspirée par de telles considérations. Seulement, le gouvernement néerlandais, en suffoquant (ou évitant) toute discussion fondamentale depuis mai 2005 sur l’Europe, a réussi à se préserver une assez large marge de manoeuvre pour qu’il ne doive pas se détacher trop de l’avant-garde de l’UE. Ce qui aura pour conséquence que les débats de fond soient relégués à un futur incertain.

Les argumentations historiques fausses
Afin de m’exercer un peu pour les débats hollandais qui arriveront tôt ou tard, je m’attaque aujourd’hui aux faux (et parfois dangereux) raisonnements polonais qui sont développés autour de la Conférence des Chefs d’Etat européens actuelle:

Le premier ministre Kaczinsky a déclaré que le poids de vote polonais devrait correspondre au nombre d’habitants que ce pays aurait eu (66 millions), si la deuxième guerre mondiale n’avait pas eu lieu. La Pologne a 38 millions d’habitants en ce moment. Il en manque donc 28 millions. Si j’ai bien compris ce calcul, les 66 millions sont une extrapolation des 21 millions d’habitants que le pays comptait en 1939. Dont trois millions d’origine juive. Sur cette dernière donnée, nous y reviendrons.

Mais d’abord le raisonnement: Les 28 millions manquants seraient la faute à l’Allemagne. À elle seule. Il y a plusieurs raisons, pourquoi c’est incorrect.

1. La Pologne fut attaquée par deux pays en 1939: l’Allemagne et l’Union Soviétique. La perte de population jusqu’en 1941 est alors en partie à charger sur la Russie (et la Biélorussie et l’Ukraine, pour ne pas mentionner les Lithuaniens et les autres Etats baltiques qui étaient intégrés dans l’URSS alors).

2. Mais, même si l’on reconnaît qu’il existe une dette historique lourde de l’Allemagne à la Pologne, pourquoi les autres 25 membres de l’Union Européenne, devraient-ils accepter un poids de vote surdimensionné des Polonais en 2007?

3. Et qu’est-ce-qu’il arrivera si l’arithmétique polonaise sera adoptée par les autres membres de l’UE? Imaginons que l’effet dépressif de la mort de 20 millions de soldats français et anglais pendant la Première Guerre Mondiale a eu sur la démographie de leurs pays, sera prise en considération!

4. Et pourquoi se limiter à la population? La superficie compte aussi! La Pologne a perdu beaucoup plus de KMs carrés dans l’Est en 1945, qu’elle n’en a gagnés dans l’Ouest en incorporant la Silésie et une partie de la Prussie occidentale.

5. Et, finalement, les Juifs. Quasi tous ont disparu dans les camps d’extermination et dans les exécutions locales qui se sont déroulées de 1940 à 1945 dans le pays. Si l’on connaît un peu la collaboration pour le moins enthousiaste des Polonais dans cet assassinat collectif, il serait curieux, si ces trois millions ont été comptés aussi parmi les pertes de population qui servent maintenant à justifier un éventuel surpoids polonais dans le vote européen. Surtout, si l’on se souvient des pogroms des Polonais après 1945 et du tournant antisémite du régime polonais après 1956 qui a chassé à nouveau un nombre considérable des citoyens juifs polonais hors du pays.

On peut comprendre les blessures et les angoisses des Polonais. Mais la version-Kaczinsky est révanchiste. C’est dangereux.

Le nouveau traité devrait garantir qu’un pacte Hitler-Staline, comme en 1939, est dorénavant impossible.

Même une racine au troisième degré ne protégera pas la Pologne, si une politique commune européenne de sécurité et de l’énergie continue à manquer.

[Publié 22.6.07, augmenté et corrigé le 23.6.07]

21 juin 2007

Le projet allemand d'un traité européen

L'Europe "fédéraliste" serait morte.
Pourtant, si l'on veut intervenir en Darfur, si l'on veut protéger les frontières dans le sud-est, si l'on veut se passer des fusées américaines d'interception en Pologne et si l'on veut trouver une position forte pour les négotiations énergétiques avec la Russie, il est urgent de s'unir.
Le projet allemand pour un traité de régénération institutionnelle de l'UE, discuté en ce moment par les chefs d'Etat et les Premiers-Ministres des pays-membres de l'UE, propose des solutions réalistes. Il est temps de s'unir, d'oublier les considérations locales. Comme souvent, les commentateurs du "Monde" trouvent le mot juste:

L'Europe qui se dessine est différente de celle dont rêvaient les fédéralistes. Est-elle pour autant vouée à l'échec ? C'est ce que pensent ceux qui ne renoncent pas à l'idée d'un pouvoir supranational. Mais ceux-là sont aujourd'hui minoritaires. L'un des plus fervents défenseurs des "Etats-unis d'Europe", le premier ministre belge Guy Verhofstadt, va céder la place après sa défaite électorale. Aux autres, qui se disent "euro-réalistes", d'apporter désormais la preuve qu'une association d'Etats souverains est capable d'agir efficacement en mettant en oeuvre une volonté commune. C'est peut-être la dernière chance de l'Europe.

Thomas Ferenczi
C'est là la racine du problème: Les "Eurosceptiques" ne proposent jamais, si je ne me trompe, des solutions viables aux problèmes à résoudre. C'est votre tour! À vous la parole.

Comment obliger la "communauté internationale" à intervenir efficacement en Darfur?
Comment insérer les forces vives de la Turquie dans la défense de notre façon de vivre?
Comment éviter que les USA profitent des angoisses historiques des pays de l'Est pour y installer leurs camps de torture et leurs fusées?
Comment adopter un position commune européenne qui interdise aux Russes de diviser les pays d'Europe sur le plan énergétique?

Il m'est égal, si c'est via une fédération ou via un traité entre Etats souverains.
C'est les moyens qui comptent.

Dans les circonstances actuelles, il n'y a que les "grands" pouvoirs européens (le Royaume Uni, La France, l'Allemagne, avec une bonne portion des pays moins puissants, comme l'Italie, l'Espagne, la Pologne, etc.), qui puissent définir une voie commune à suivre. C'est leur responsabilité historique.
Qu'ils l'assument.

09 mai 2007

Afghanistan: Comment lire un communiqué de presse?

Les élections présidentielles françaises n'ont pas arrêté le cours du monde.
Certains développements hors de l'Hexagone se sont même accélérés.

Il est temps, donc, d'abandonner les discussions sur la question des voitures brûlées dans les faubourgs, et aussi celles sur les choix de villégiature du président élu.

Ce sont les séquelles attendues. Qui aurait pu attendre autre chose des intellos excités qui ne se rendent même pas compte que les rebelles des cités sont décidément plus réalistes qu'eux. Qui aurait pu attendre autre chose d'un parvenu devenu président, qu'il se laisse fêter par ses patrons?

Entamons l'exercice, par exemple, de lire entre les lignes d'un communiqué de Reuters, publié aujourd'hui par "Le Monde":

21 afghans tués dans un bombardement de l'Isaf dans le Sud
Reuters 09.05.07 | 14h18

KANDAHAR, Afghanistan (Reuters) - Un bombardement aérien de la Force internationale d'assistance à la sécurité (Isaf, placée sous le commandement de l'Otan) a tué 21 civils, parmi lesquels des femmes et des enfants, rapporte le gouverneur de la province d'Helmand.
Le raid, mardi soir, a visé des habitations de la localité de Sangin, où les troupes de l'Alliance atlantique traquaient des rebelles taliban ces dernières semaines, a déclaré à Reuters [le gouverneur de la provice d'Helmand, HR] Assadullah Wafa.
"La nuit dernière, les forces de l'Otan ont mené une opération à Sangin et à la suite de ce bombardement 21 civils, dont des femmes, des enfants et des hommes, ont été tués", a-t-il dit.
La France a déployé mille commandos dans le Sud de l'Afghanistan et elle participe aussi aux fréquents raids aériens avec un contingent de Mirages. Le communiqué ne dit rien sur la nationalité des avions de combat qui ont exécuté ce raid. Apparemment, la mort d'un soldat américain, impliqué dans une action non détaillée à Sangin, a provoqué une intervention à peine ciblée des avions de combat à leur disposition, comme c'est devenu l'habitude. L'histoire ne dit pas non plus, si l'intervention américaine faisait partie de l'ISAF (force d'intervention internationale, menée par l'OTAN avec mandat des Nations-Unies) ou si c'était la nébuleuse offensive américaine, menée en parallèle.
Tandis que les Allemands refusent carrément de s'impliquer dans la guerre civile et la répression aveugle dans le Sud de l'Afghanistan, la France continue (comme les Hollandais) à soutenir une sale guerre, en se cachant derrière l'OTAN et le blocage efficace des médias qui existe en Afghanistan.
Wafa a déclaré qu'à sa connaissance les taliban n'avaient pas subi de pertes.
L'Otan dément avoir mené une opération dans cette zone. Un soldat de la coalition internationale emmenée par les Etats-Unis a été tué à Sangin mardi soir.
Un porte-parole de l'armée américaine a dit avoir été informé de cet incident dans lequel des civils ont été tués mais à sa connaissance les seules autres victimes sont des combattants rebelles.
Et voici la confirmation: L'OTAN n'est pas au courant. Les Américains le sont, mais nient la réalité. Ce qui signifie, que c'est eux qui ont appelé les avions, rien que pour se venger sur des civils pour la mort d'un de leurs soldats.

La conséquence? La population de la région se prépare à une guérrilla meurtrière comme elle en a menée contre les Russes. Les actes terroristes des Occidentaux se multiplieront. L'influence des "talibans" (Salafistes inspirés par un extrémisme qui n'est pas indigène), et, finalement, d'Al Qaeda, croîtra.

La France sarkozienne, imitera-t-elle l'Angleterre de Blair ou l'Allemagne de Merkel?

Powered by ScribeFire.

06 mai 2007

Sarkozy a gagné. Et puis?

Je n'étais pas un fan de Ségolène Royal. Je l'avais vue à une rencontre des jeunes entrepreneurs français en Bourgogne, en 1994. Elle n'entrait pas dans mes préférences.
Je n'avais pas confiance, mais je l'aurais préférée, évidemment, à Sarkozy. Elle n'a pas su imposer les solutions qui s'imposent. Ce n'est pas de sa faute. C'est la faute des Socialistes, qui ne l'ont pas assez soutenue.
Nous, nous en avons, de ces solutions. Il faut les mposer. Il faut se les imposer. Il faut les imposer à eux.
Ne perdons pas le courage. C'est de nous qu'ils auront besoin, finalement.

04 mai 2007

Les "Roaming Charges": Attention - les gouvernements capitulent devant les entreprises-télécom!

En mars, la réunion en Allemagne des ministres du TéléCom s'est déclarée d'accord avec un tarif-maximum pour les appèls mobiles inter-européens. Celui-ci devrait se situer entre 30 et 45 eurocentimes pour un appèl envoyé et de 20 centimes pour un appèl reçu (par minute). La Commission des télécoms du Parlement européen les a suivis.
Dans "At Home in Europe" et dans "In Europa zu Hause", nous avions déjà annoncé qu'il fallait s'attendre à des efforts du dernier moment des Sociétés TéléCom et, éventuellement, des gouvernements, à mitiger ce maximum avant les mois d'été 2007. Car l'argumentation des TéléComs est, en ce moment, qu'il faudrait une "phase de transition".
Ce qui est un argument ridicule, car c'est déjà depuis deux ans que les mesures européennes ont été annoncées. On devrait plutôt introduire le "cap" (maximum) à une date en 2006, et faire rembourser aux clients les tarifs idiots qui leur ont été imposés.

Mais ce qui était à craindre, est arrivé: Le ministre allemand responsable des télécoms, a, inattendument, déclaré que le maximum proposé par la Commissaire européenne Viviane Reding (et accepté par lui et par ses collègues en mars) était trop peu élevé. Il a proposé de le DOUBLER. Une rencontre avec la commission compétente du Parlement européen à Strasbourg ne l'a pas fait changer d'opinion. Il s'agirait, selon lui, d'une mesure "transitoire" qui devrait éviter aux grandes sociétés un choc trop fulgurant.

Les Financial Times constataient déjà avec satisfaction, que les consommateurs des mobiles européens n'auront pas, cet été, des tarifs équitables pour leurs appèls intereuropéens. Les lobbyistes des Sociétés télécom jubilent et ils rajoutent encore à leur arsénal de faux arguments.

Il n'est pas encore trop tard pour les syndicats, les organisations de la défense des consommateurs et d'autres comités d'action, à se mettre en branle! Il ne faut pas attendre que le mal arrive, pour pouvoir tranquillement accuser, encore une fois, l'Europe d'incompétence. C'est trop facile. Mettre l'Europe en position de bouc émissaire, c'est le truc des gouvernements qui n'osent pas se disputer avec les télécoms incompétents.

Soyons vigilants, pour une fois. Acceptons les alliés qui se présentent. e nous allier avec la Commission européenne, pour une fois qu'elle nous propose un objectif sensible et juste....

19 avril 2007

L'Économie de la France diffamée par la BBC

Outre-Manche, on a l'habitude de sousestimer structurellement la France. L'EuroBlog 'A Fistful of Euros' (AFOE) le signale encore une fois. C'est un Blog en anglais, fort sérieux, très indépendant et pas du tout gauchiste.
Voici:

Economic nonsense about France

(Non-sense économique au sujet de la France)

Encore une fois. Voici ce que la BBC propose dans son article-web (background article) mis-à-jour-pour-les-élections-imminentes en France:

Mais l'économie française s'est développée plus lentement que celle de n'importe quel autre pays developpé. En 2006, sa croissance de 2% a été la pire en Europe.

Et AFOE de continuer:

Eh bien, en m'excusant de dire l'évident, une seule année ne montre pas une tendance: si nous étudions la période 2002-2006, le taux de croissance français moyen n'était que d'une maigre 1.6%*, mais il est égal à la moyenne européenne et nettement supérieur à ce que des pays comme les Pays-Bas (1,4%), l'Allemagne (0,9%), l'Italie (0,7%) et le Portugal (0,6%) ont réussi pendant la même période. Je passe sur la moyenne sur 10 ans (1997-2006), qui s'avère même plus favorable pour la France.
Le taux de chômage français, selon la BBC de 9,8% pour 2006, n'est, si l'on coit le Bureau de Statistiques de l'UE, pour la France que de 8,8% (8,4% selon le Bureau de Statitiques gouvernemental français, mais ce chiffre est fort contesté).

La BBC continue:

Les finances publiques sont surchargés par le système de financement des pensions et les dépenses sur la santé qui s'augmentent en permanence. Le taux d'imposition est de 50% du produit brut national, un des plus élevés en Europe en 2005.

AFOE:

Soyons sérieux. Pourquoi ne pas avoir contrôlé un petit peu les chiffres? Eurostat évaluait les revenues sur l'impôt françaises en 2005 à 45,8% (pdf). C'est toujours un taux mirabolant et il explique beaucoup de la sous-prestation économique de la France (en effet, il n'y a que peu de discussion parmi les économistes à ce sujet) mais chaque pour cent compte dans ces-régions-là. Le taux français est bien en-dessous de la moyenne européenne de 50%.

La même chose pour les grèves: 34 sur 1000 jours ouvrables perdus à cause de grève en France, comparé à une moyenne de 53 pour toute l'UE. Mes amis d'AFOE sont en général des économistes classiques, traditionnels. Ils plaident sans arrêt pour des réformes dans le sens brittannique, thatchériens ou blairiens. Mais je les aime, car ils sont intellectuellement honnêtes. Ils ne supportent pas ...
... que chaque journaliste du planète se le croit permis à se foutre des statistiques officielles, dès qu'il s'agit de la France, seulement pour renforcer les préjudices du public qui est convaincu que la France ait la pire économie imaginable. Qu'il s'agit de la France, n'est pas une raison à ne pas faire le plus simple de ses devoirs.
Comme j'aimerais voir davantage d'articles comme celui-ci!
Ce n'est pas parce que je sois d'accord avec tous les aspects de la politique économique et sociale française. Les 35 heures, par exemple, sont pour moi l'exemple par-excellence d'une intention ratée dans son élaboration bureaucratique. Mais ils l'ont essayé, les Français, au moins!

Plus de respect, moins de préjugés, une connaissance basique des statitiques économiques, c'est une chose qu'il faut exiger des journalistes sérieux comme ceux de la BBC. Et vice-versa, naturellement, de leurs homologues français.

Malheureusement, cette relation d'incompréhension et de biais entre la France et la Grande-Bretagne n'est pas unique en Europe.

Il ne faut pas se fatiguer à la signaler, chaque fois qu'elle se pointe.

Powered by ScribeFire.

11 avril 2007

Alger: Les salafistes du Maghreb unifiés par Al-Qaeda



Le Monde (11/4, daté du 13 avril) publie une interview avec le journaliste algérien Mohamed Sifaoui:








.. écouter...

Le Monde:

Le journaliste algérien Mohamed Sifaoui, qui publie mercredi son enquête "Combattre le terrorisme islamiste" (Grasset, 17,90 euros), estime qu'Al-Qaida est parvenu à rassembler sous sa bannière une mosaïque de mouvements salafistes violents du Maghreb. Cette nouvelle branche de l'organisation d'Oussama ben Laden en Afrique du nord viserait en priorité les régimes locaux, mais risque aussi de s'en prendre à des cibles en Europe. Propos recueillis par Matthieu Auzanneau.
La France, l'Espagne ont, parmi les pays européens, pris le devant à exprimer leur sincère soldarité avec les Algériens.
Sifaoui mentionne justement le fait que ces événéments ne se passent pas à une distance considérable de l'Europe. L'Afrique méditerranéen, maghrebin, fait partie de l'espace européenne. Une solidarité pleine, complète et active, qui a manqué pendant les luttes atroces en Algérie pendant les années '90, est dorénavant de mise. Elle doit être du même ordre que la soldarité européenne montrée après un autre 11/4: celui de Madrid!


06 avril 2007

Bouclier anti-missile américain en Europe?

Il est troué, il déplace les dégâts vers les pays hôtes, il risque de provoquer une nouvelle course aux armements nucléaires et il néglige l'effet des frappes de réponse: le bouclier anti-missile "global" américain qui veut s'insérer en Europe, cherchant ses ouvertures chez les anciens états-clients de l'URSS qui se sont convertis en clients américains depuis 1989.

À l'hebdomadaire allemand 'Der Spiegel' l'honneur d'avoir enfin recherché les opinions des experts sur les projets des ÉÉUU à établir une poste de radar sophistiquée en Tchéquie et une base de missiles-anti-missiles en Pologne. (Site-Web du Spiegel, le 3.4.07).

L'Europe, vue de l'espace, montrant les zones de pollution de l'air, qui coincident avec la densité de la population et des installations industrielles. Zone parmi les plus vulnérable de la terre, fort urbanisée, qui devrait subir les risques des missiles détournées par les nouvelles installations américaines, projetées en pologne et en Tchéquie.

Le bilan est alarmant. L'excuse de circonstance américaine (le danger que l'Iran représenterait), tombe complètement à l'eau sous le scrutin des experts consultés, des hommes qui ne sont point connus pour avoir des préjugés anti-américains.

La logique de la guerre froide était basée sur la "MAD", la Mutual Assured Destruction, c'est à dire: la Destruction Mutuelle Garantie. Le Bouclier crée la situation (ou, ce qui est encore pire: l'illusion) d'une destruction unilatérale assurée. Les pouvoirs nucléaires existants seraient privés de (ou insécurisés quant à) leur capacité de réponse à une attaque nucléaire. Ils vont développer des anti-systèmes, augmenter leurs arsenaux nucléaires de réponse et/ou concevoir des moyens de transport alternatifs, par exemple en cachant leurs armes dans des navires commerciaux, afin de s'assurer les moyens de répondre à une attaque. Conséquences: prolifération accélérée, davantage d'insécurité et amalgame avec les mouvements terroristes.

La victime d'une éventuelle implantation d'éléments du nouveau "bouclier" en Europe, est ... l'Europe. Si le bouclier fonctionne, des charges nucléaires iraniennes, pakistanaises, israeliennes ou françaises, risquent d'être interceptées dans l'air européen et d'exploser au-dessus de nos villes, même si elles n'y étaient pas destinées. Des Hiroshima (bombe nucléaire explosée à 600 M. d'altitude) surgiraient. Des attaques préventives contre les sites du 'bouclier' en Pologne et en Tchéquie amèneraient la guerre nucléaire au coeur de l'Europe. Et quoi sur la marge? Tout le monde est d'accord, que la Turquie, la Bulgarie, la Grèce et la Roumanie sont impossibles à protéger à cause de leur proximité du Moyen-Orient.

La situation ressemble un peu à celle des années quatre-vingt, lorsque le président Reagan voulut installer ses fusées à moyenne distance en Europe. C'est vrai: La Russie actuelle n'est plus la même que l'Union Soviétique. Mais la Russie regagne peu à peu sa position de grand pouvoir et, sans réagir, elle ne laissera pas s'approcher de si près une force de frappe nucléaire de ses frontières.

Le principal moyen d'éviter une échange de frappes nucléaires reste, paradoxalement, mais logiquement, le maintien des capacités de réponse. On peut supposer que les capacités de réponse anglaise et française soient suffisantes à éviter à ces deux pays d'éventuelles attaques nucléaires sur leur sol. Les pays les plus menacés sont donc l'Allemagne et les petits pays non-nucléaires membres de l'UE.

L'alternative européenne
Une alternative qui n'inquiéterait pas de la même façon la Russie et d'autres pays possédant l'arme nucléaire, serait l'extension du parapluie nucléaire français et anglais aux autres pays de l'UE. Sous condition, qu'ils ne provoquent pas les pouvoirs nucléaires non-UE. Celle-là serait la réponse la plus efficace à l'initiative américaine en question. La réponse aussi, qui est la plus redoutée par les cercles ultra-nationalistes américains, car elle leur priverait d'un atout qui s'appelle la 'coalition of the willing' dans le cadre de leurs aventures qui devraient constituer le 'siècle américain'.

Imposer aux pays récemment émancipés de leur état de client (russe ou américain), la prudence qui doit aller de pair avec la position de co-propriétaire d'armes nucléaires, ne sera pas facile. La séduction, savamment entretenue par l'administration américaine, de l'opportunité à marcher dans l'ombre du géant américain dans le monde entier, a malheureusement survécu les déceptions irakiennes des Polonais et d'autres Géorgiens.

Mais il est urgent, je le pense, que l'ancienne proposition française visant l'extension de son parapluie nucléaire à d'autres pays européens, soit réitérée. La menace d'une réponse fatale constitue encore toujours le meilleur moyen à décourager les pays à capacité nucléaire à utiliser leur arme. Dans la perspective historique de pays comme la Tchéquie (abandonnée en 1938 à Munich par la France et par l'Angleterre) et de la Pologne (partagée plusieurs fois entre l'Autriche-Hongrie, la Prusse et la Russie), une garantie nucléaire européenne va rencontrer pas mal de cynisme, compréhensible. Mais c'est faisable. La France devrait être prête à partager ses capacités nucléaires avec l'Europe, l'UE. Ce qui n'est pas évident non plus.

À ce sujet, nous ne connaissons pas les positions des candidat(e)s à la présidence française. Il serait intéressant de les savoir.

Plus en détail: Voir l'article du Spiegel (en Allemand, naturellement) et sa traduction en Anglais dans l'édition internationale de cet hebdomadaire.

24 mars 2007

EU: L'autruche hollandaise s'enterre davantage

En 2005, quelques jours après la France, les Hollandais ont dit "non" au traité constitutionnel proposé par les chefs d'État et de gouvernement de l'EU. Tandis que la France participe pleinement aux discussions européennes qui doivent résulter en une solution à l'impasse, les Néerlandais se sont retirés dans un silence boudant. Le nouveau gouvernement de centre-gauche, résultat des élections parlementaires de novembre 2006, a décidé de continuer cette ligne de conduite.

Sa récente 'lettre' aux élus en témoigne. Voici ce qu' "euractiv" en dit:

La lettre envoyée au Parlement le 19 mars 2007, par le ministre des affaires étrangères néerlandais, Maxime Verhagen, et le ministre des affaires européennes, Frans Timmermans, présentait la position des Pays-Bas concernant un nouveau traité européen qui semble adopter une attitude eurosceptique.

Le porte-parole du gouvernement, Jan Willem Beaujean, a confirmé que "le gouvernement néerlandais plaidait en faveur d'un texte concis, technique et minimaliste".

Le document propose d'améliorer le contrôle démocratique, de donner aux parlements nationaux davantage la parole et de limiter les compétences de l'UE. Les domaines politiques tels que les retraites, l'imposition, l'éducation, la sécurité sociale, la culture et la santé, devraient rester dans le domaine reservé de l'Etat.

Selon la déclaration, les questions relatives à l'énergie, au changement climatique, à l'asile et à la migration ainsi qu'à la lutte contre le terrorisme et le crime transfrontalier pourraient être mieux traitées au niveau européen. Ceci est conforme à l'accord de la coalition, selon lequel : "Le résultat obtenu doit être clairement différent du traité constitutionnel précédemment rejeté au niveau du contenu, du champ d'action et du nom".

Le gouvernement souhaiterait également établir des règles et des critères pour la poursuite de l'élargissement dans le nouveau traité, tels que les critères de Copenhague. L'élargissement a également joué un certain rôle dans le rejet du traité constitutionnel des Pays-Bas.

Cependant, le gouvernement a intentionnellement laissé sans réponse la question d'un éventuel deuxième référendum pour le nouveau traité.

Tout cela n'est pas à prendre au sérieux. C'est un texte pour consommation intérieure. Car, quel est le cas?

Rejeter la "faute" à l'Union Européenne
Le gouvernement précédent, centre-droite, également présidé par M. Balkenende (photo), n'a toujours pas su trouver de réponse au camouflet qui lui a été administré par une grande majorité des votants.
Le premier motif des votants du "non" a été leur volonté d'avertir le gouvernement précédent dont la majorité n'aimait pas du tout les "réformes" libérales. Le vote désastreux pour les partis de ce gouvernement-là, en mars 2006 aux élections locales, en est la preuve.
La CDA chrétien-démocrate, le parti du premier ministre, a choisi de ne pas l'entendre de cette oreille. Comme si M. Balkenende n'avait pas signé le traité à Rome, en 2004, et en oubliant la grande majorité parlementaire qui, à l'époque, l'y soutenait, la faute a été rejetée systématiquement sur l'Europe, ses bureaucraties et ses dysfonctionnements.
Ces derniers ne sont pas négligeables du tout. Une bonne opportunité à remédier un peu à celles-là, était justement ce malheureux traité concocté par Giscard.
Mais, cédant à l'atmosphère xénophobe et provincialiste qui s'est développée dans le pays depuis quelques années, la classe politique, le plus grand parti d'opposition, le PvdA social-démocrate, inclus, a opté pour une attitude d'autruche: la tête sous le sable en attendant que l'orage passe.

L'Union européenne selon Balkenende: bonne à faire les sales boulots
Ce n'est pas sérieux, de vouloir limiter d'un côté les compétences de l'EU, mais de l'autre côté lui reléguer des compétences centrales de la souveraineté nationale, comme l'immigration et la lutte antiterroriste! C'est simplement une manoeuvre pour se débarasser de sujets politiques difficiles en cachant au public, que ces compétences-là entraîneraient une plus forte mainmise de Bruxelles sur la police, les services de sécurité, l'armée et la vie privée des citoyens.

En attendant, les Pays-Bas, n'ayant pas de projet européen, perdent chaque jour un peu plus de leur influence dans les affaires européennes. Car, justement parce que l'EU n'est pas un "super-État" (M. Balkenende au Parlement de La Haye, mardi), mais un conglomérat chaotique, où les États (et les lobbyistes) doivent lutter avec des moyens du bord afin de protéger leurs intérêts et de diriger le grand vaisseau vers le large, une absence boudante est nocif pour le boudeur, pas pour les autres.
Les Anglais, dont les idées sur le projet européen divergent beaucoup plus de celles de la majorité des citoyens de l'EU que les convictions hollandaises, ne se privent pas d'une présence active, parfois saboteur, dans toutes les ramifications européennes. Le gouffre qui sépare les ambitions pro-européennes de la classe politique néerlandaise, mises sous sourdine après le référendum, de leurs déclarations ambigues et "eurosceptiques", a un effet paralysant sur la politique européenne du pays. C'est le pire des trois voies que le gouvernement holladais aurait pu choisir après juin 2005.

En n'osant pas choisir avec courage, les Hollandais se retrouvent dans le pire de trois mondes...
  1. Il aurait pu reconnaître que le vote du non a été une manifestation contre la politique du gouvernement, rectifier sa ligne et resoumettre le traîté au vote, en s'expliquant mieux sur les conséquences d'un non qu'il ne l'avait fait au printemps 2005. Il n'a pas eu ce courage.
  2. Il aurait pu s'associer à la Grande-Bretagne et abandonner toute autre ambition qu'une espace de libre commerce. C'est ce que le parti libéral-conservateur VVD aurait sans doute préféré, s'il avait osé le dire. Il était alors au gouvernement et son leader historique Bolkestein n'est personne d'autre que le commissaire européen qui alors proposait de remettre les salaires et les conditions de travail des pays historiques de l'EU au niveau d'il y a 50 ans, en permettant au compradoriat est-européen d'y imposer ses conditions. Mais, en sachant que la majorité des citoyens hollandais se révolteraient, il s'est tu.
  3. La troisième voie, celle de rien faire, est pire que les autres: Elle combine l'isolement de la voie 2., isolement qu'un petit pays continental comme les Pays-Bas, autrement que le Royaume Uni, ne peut pas se permettre, avec les désavantages de la voie 1, soit il, que la classe politique se paye un sursis avant le moment inévitable, où elle devra se déclarer.
L'illusion isolationiste, maintenue soigneusement par des politiciens qui savent parfaitement que l'heure du choix s'approche et que les Pays-Bas ne peuvent pas se permettre d'en subir les conséquences sur les plans économiques et sécuritaires, est pernicieuse pour l'EU entière, aussi bien que pour le pays lui-même.
Avoir le courage de ses convictions - ce n'est pas ce qui se manifeste à La Haye, en ce moment...

powered by performancing firefox

Related Posts with Thumbnails