11 février 2008

Le Comble de Façadisme? - Le Gouvernement belge actuel!

Derrière le façade du gouvernement temporaire belge, les ministres n'assurent même pas le service-minimum des grévistes. Ils ne font qu'à leur gré. Et ils refusent à faire ce qui ne leur chante pas.
Exemple: Yves Leterme, qui décide de la langue à employer quand je parle avec mon bourgmestre, mais qui refuse à faire ce qui est de sa compétence: éviter que les avions de zaventem vont m'empêcher à me faire entendre dans n'importe quelle langue du monde.

- Appèl à l'ordre.

Façadisme

Bruxelles. Après l'époque de la construction, partout et n'importe-où, des buildings agressifs béton-et-verre, ma ville, juste avant de sombrer dans un grand Trou d'Oubli et de Téflon, a adopté ce qu'on appelle: le façadisme.
Vous l'aurez compris: Le façadisme s'occupe des façades. On démolit tout d'un vieux bâtiment, sauf la façade, qui reste debout, appuyée sur des échafaudages costauds. Ses fenêtres aveuglées regardent le vide. Derrière la façade orpheline, on construit: en béton et en verre, selon son propre plan, son propre projet.

Le gouvernement fédéral belge, qu'un prestidigitateur habile a mis sur pied le 24 décembre 2007, après six ou sept mois de crise gouvernementale, relève, lui aussi, du façadisme belge et bruxellois. Faute d'accord gouvernemental, et sous la pression d'un monde de plus en plus inquiet, les Belges ont mis sur pied un simulacre de gouvernement, sans programme, sans engagements réciproques des partis et sans budget.

Plus que la moitié des partis et des ministres y participant, appartenaient au gouvernement précédent, y compris son ministre-président, Verhofstadt. Pourtant, ce gouvernement est censé de changer radicalement le cap par rapport aux gouvernements précédents. Le façade rassurant des facies connus, cache une construction inachevée, où deux entreprises générales différentes bricolent chaque jour chacun sur son propre chantier, en démolissant la nuit les bricoles de l'autre. Pire encore: Les entreprises elles-mêmes comptent dans leurs rangs des grévistes et des saboteurs!

Un nid de guêpes qui s'entremangent
Ainsi, le parti CD&v (chrétien-démocrates flamands) du premier ministre prévu (après le 23 mars), Leterme, est tenu en ôtage par son partenaire de "cartel", la NVA, débris du parti autonomiste traditionnel flamand la Volksunie. Les NVA refusent tout compromis gouvernemental qui ne renforce pas l'autonomie de la Région flamande. Ils ont refusé également à participer au gouvernement façadiste actuel.
Également, le plus grand parti francophone, le MR libéral de M. Didier Reynders, se trouve coincé entre son partenaire de cartel ultra-francophone bruxellois, le "Front de Défense des Francophones" (FDF) d'un côté, et la nécessité de ne pas apparaître trop conservateur face à la majorité socialiste-chrétienne dans le Sud du pays.
Les libéraux et les chrétiens-démocrates du Nord et du Sud avaient progressé pendant les négociations pour un programme gouvernemental sur les sujets qui leur tiennent au cœur: Moins d'impôts pour les entreprises, privatisations dans les système de soins sociaux et de santé, etc. Cela s'appelle: Le programme d'un gouvernement "orange-bleu".

Mais ce programme n'est pas le programme du gouvernement actuel. Impossible, car le grand parti social-démocrate francophone en fait aussi parti. Pourquoi? Eh bien, parce qu'il est indispensable pour l'autre volet de Leterme et de son parti: "Une Grande Réforme de l'État". Une telle réforme dépendra d'une majorité à deux tiers dans chacune des "communautés" (linguistiques) dans les deux chambres du parlement. Les socialistes flamands seront d'ailleurs aussi indispensables pour une éventuelle réforme, mais, bien qu'invités, ils ont choisi à rester en dehors du gouvernement actuel.

Arrogance et mépris
Tout le monde est d'accord, que les deux volets de Leterme ne seront jamais compatibles: Il aurait du choisir dès le 10 juin, ou bien à réaliser un virement économique et social conservateur avec les libéraux victorieux francophones, ou bien, à faire des compromis là-dessus avec les libéraux et les socialistes, et négocier, donnant-donnant une réforme de l'État belge.

Mais l'arrogance et l'agressivité des chrétiens flamands fait fi des évidences électorales.

Derrière le façade de Verhofstadt III, chacun ne fait rien d'autre que la grève contre ses partenaires. Les ministres sont les grévistes les mieux payés de l'histoire. C'est pire qu'une grève, c'est une occupation d'entreprise! Et non pas par une organisation ouvrière bien structurée et responsable, non, par des comités d'action concurrents et anarchiques! Ils ne font qu'à leur gré!

Les grévistes-ministres refusent le "service-minimum"
Le programme-projet du gouvernement orange-bleu prévoit un "service-minimum" à imposer aux grévistes, par exemple dans les transports communs. Une idée pas totalement à rejeter, car il faut protéger le public contre les effets des conflits sociaux au delà d'une certaine zone de tolérance. Comme souvent, ce projet est une écho des priorités françaises (Sarkozy) du jour.

Mais est-ce que les ministres grévistes de Verhofstadt-III assurent-ils eux-mêmes ce fameux "service-minimum" pendant leur grève sauvage?
Pas du tout! Avec un mépris souverain pour leurs électeurs, les promesses "difficiles" (augmentation des allocations sociales, investissements dans l'infrastructure, l'enseignement et l'économie) sont reléguées à l'"après-23 mars" ou l'après-2008. tandis que chacun se choisit quelques hobbies comme priorité. Tout cela, faute d'un programme de gouvernement.

Les bricoleurs opportunistes d'un côté...
Ainsi, les uns s'amusent à introduire en cachette des éléments du programme réactionnaire non-entériné "orange-bleu".
  • Comme le ministre des finances Reynders (intérêt "notionel", qui laisse 1 à 2 milliards d'euros annuels aux entreprises),
  • Charles Michel (Coopération au Développement), qui veut réintroduire les investissements d'entreprises belges dans les "infrastructures", jadis source de corruption et de favoritisme,
  • et Pieter de Crem (Défense), qui avait eu l'idée d'atlantiser en cachette la politique étrangère belge, en participant à la lutte anti)guérilla de l'OTAN et des USA à Kandahar.

Les autres inventent les excuses les plus créatrices à se soustraire à leurs responsabilités et à leurs obligations en tant que ministres d'un gouvernement (Ministre signifie: "serviteur", HR).

...et les refuseniks arrogants de l'autre
M. Leterme lui-même en a donné un bon exemple. Il n'est pas seulement vice-premier ministre, chargé de la préparation d'un accord interparti sur la "Réforme de l'État" et ministre du budget, mais aussi ministre fédéral de la Mobilité. En tant que tel, il est chargé, selon un jugement récent de la Cour d'Appèl, du dossier de la répartition du bruit causé par les mouvements d'avions de l'aéroport "Bruxelles-National" (Zaventem). Un dossier qui a déjà provoqué la chute ou la quasi-chute de deux ministres précédents. Car il s'agit à trancher entre deux Régions (Flandres et Bruxelles) et plusieurs catégories de personnes dans les deux Communautés: Les Flamands, les Bruxellois francophones, les Francophones habitant dans des communes flamandes, etc. Et la plupart se joue dans les communes "à facilités" qui sont au centre de la "Réforme" qu'il veut.

C'est donc un sujet à éviter comme la peste, pour lui. Et c'est ce qu'il fait.

Leterme décide quelle langue on doit utiliser avec son bourgmestre ...
La Régie autonome de "Brussels Airport" (tenue majoritairement par l'État belge, pourtant) annonce ses projets à construire un terminal supplémentaire à Zaventem, pour les "low-cost companies" (Ryanair, Easyjet, Berlin Air, etc.). Les comités des habitants autour de l'aéroport protestent et demandent au Ministre de la Mobilité à intervenir. Devinez, quelle réponse ils ont reçue? La voici:

Le ministre de la Mobilité Yves Leterme (CD&v) refuse à se prononcer. "La décision concernant les compagnies "low-cost" relève exclusivement de la Régie Brussels Airport. Nous ne nous en occupons pas", son porte-parole a dit.
"Daar moeien we ons niet mee", en clair dans le texte (De Morgen, 9 février 2008).

Conclusion: dans le gouvernement façadiste Verhofstadt III, chacun décide souverainement, de ce qu'il fait et de ce qu'il refuse d'assumer.

Toute excuse est bonne, même si elle est archi-fausse. Ici, tout le monde sait, que le collège Reynders n'a qu'à téléphoner à BA dans sa qualité de propriétaire majoritaire. En tant que responsable fédéral principal pour le dossier, Leterme doit s'occuper de tous les Belges, qu'ils soient Flamands, Bruxellois, francophones ou néerlandophones. Il vient de le refuser. Ce n'est pas un hasard. C'est un système.

... mais fait la grève dès qu'on l'appelle à faire quelque chose qui relève de ses compétences véritables!

Est-ce qu'il y aura un membre du parlement fédéral belge qui osera demander au ministre Leterme de la Mobilité et de la Réforme,

pourquoi il pense qu'il puisse décider de la langue à employer quand je parle avec mon bourgmestre,
mais non pas des avions qui vont m'empêcher à me faire entendre dans n'importe quelle langue du monde?



La version néerlandaise de cet article est parue en deux parties (1:le gouvernement gréviste et 2: Leterme/Zaventem) dans: HUIBSLOG (1) et HUIBSLOG (2), ainsi que dans In Europa Thuis (1) et (2) et dans De Lage Landen.

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