De Volkskrant, quotidien national néerlandais révéla ce matin: Nederlanders martelden Irakezen. ("Des Néerlandais ont torturé des Irakiens").
C'est arrivé en novembre 2003, pendant la mission de pacification néerlandaise dans le cadre de la "Coalition des Bienveillants" alliés des Anglo-Américains en Irak. La mission militaire hollandaise a duré 1,5 ans et se limitait à l'occupation de la province méridionale irakienne Al-Muthanna, relativement calme à l'époque.
L'aspect le plus inquiétant de l'affaire est le fait que ces militaires ont continué à servir impunément, notamment en Afghanistan. Rien ne permet de penser que ces méthodes-là n'y ont pas été appliquées à partir de l'année 2004, quand un contingent de commandos néerlandais est allé renforcer les troupes américaines engagées dans l'opération "Enduring Freedom" dans les Sud-Est afghanistanais.
La description des méthodes de torture appliquées, éveille plein de mauvais souvenirs de ce qui se passait au même moment dans la prison d'Abou Ghraib.
Malgré les assurances du gouvernement Balkenende à une Chambre de Députés hésitante, que les troupes néerlandaises obéiraient exclusivement à des "rules of engagement" nationales et conformes aux Accords de Genève, il s'avère que l' "Intelligence" militaire (4me Bureau, en hollandais: MIVD) a torturé des dizaines de prisonniers irakiens, avant de les transmettre aux militaires brittanniques qui dirigeaient les opérations dans le groupe de privinces dont Al-Muthanna fait partie.
Les exactions se déroulaient dans un bâtiment de l'"Autorité provisoire de Coalition" (CPA) à As-Samara, la capitale de la province. Ce CPA fut, pendant un an, le gouvernement effectif de l'Irak occupé.
Nationalement, cette révélation-ci arrive 5 jours avant les élections générales du 22 novembre. Le gouvernement, et en particulier le ministre de la Défense Henk Kamp (VVD, Libéral-Conservateur) risque d'être fort gêné. Il est question de mystification du parlement, de désinformation du parlement et, impardonnable aussi, ne pas avoir saisi la Cour de Jostice militaire néerlandaise à Arnhem.
Implicitement, le Chef de l'Etat-Major des armées néerlandaise de l'époque, l'Amiral Kroon, actuellement à la retraite, a reconnu d'avoir été au courant. Le ministre de l'époque, qui est encore en fonctions, n'échappera pas à ses responsabilités: S'il a été mis au courant, il est coupable de désinformation du Parlement et de manque à signaler à la Justice. S'il n'était pas au courant, il est d'autant responsable.
Mais ce qui nous intéresse surtout, ici, c'est la mise au corvée systématique de l'armée néerlandaise aux pratiques américaines et anglaises.
À la limite, on préférera encore George Bush à M. Balkenende. Le premier a au moins été transparant (finalement) dans ses idées et dans ses décisions: "la torture est permis; la justice civilisée, ni les Traités de Genève sont d'application".
Le gouvernement hollandais, par contre, s'est toujours affiché comme protagoniste d'une approche "humanitaire", "civilisée" et "constructive". Les sales services sont rendus en cachette.
Les événéments d'Irak sont déjà histoire. La seule chose qu'on puisse observer, c'est que les Britanniques, qui étaient à la même époque impliqués dans des actes de torture et d'assassinats d'Irakiens dans la même région, ont depuis longtemps commencé à faire table-rase: Plusieurs condamnations de militaires brittanniques pour des actes pareilles sont déjà survenues.
La position hypocrite du gouvernement néerlandais a permis, pendant trois ou quatre années, un double jeu: aux Américains, il offre soutien "politique" publique et services subalternes en cachette; au public néerlandais, encore traumatisé par le désastre et la lâcheté de Srebrenica (1995) il offre une fausse image de boy-scoutisme bienveillant.
Nombre de militaires actifs ou à la retraite, et d'observateurs compétents de politique internationale et militaire du pays, ont déjà donné vent à leurs objections fondées contre ce jésuitisme dangereux. Dangereux pour les militaires envoyés en mission sans but précis et mis en danger sans nécessité. dangereux aussi pour le pays lui-même, car on ne voit pas ce qu'il a encore à attendre des Américains, sauf la poste de Sécrétaire-Général de l'OTAN. Et, en fin de compte, dangereux également pour l'union Européenne entière.
Car il est plus que probable que les éléments de l'intelligence militaire qui sont coupables de torture systématique sur des prisonniers, ont continué, et, probablement perfectionné, leurs méthodes au cours de leur mission mystérieuse aux côtés des Américains en Afghanistan à partir de l'an 2004. C'est devenu plus évident, depuis le printemps de 2006. Même après le transfert du commando des opérations dans la région à l'OTAN, les unités de commando néerlandais continuent à obéir à leur officier américain "embedded" à leur unité. Selon des témoignages anglaises (Independent, 9/11/06) et néerlandaises, ils terrorisent les campagnes autour du camp militaire de la mission de "reconstruction régionale", en provoquant ceux qu'ils prennent pour "Taliban" au combat.
C'est une auto-sabotage de l'effort de pacification, on ne peut plus cynique. L'OTAN, qui, de plus en plus s'est transformée en Bureau Intérim pour mercenaires à l'appui des divagations américaines, est impuissante.
Au moment que les Italiens, les Espagnols et les Polonais ont décidé de refuser dorénavant ce rôle, les Hollandais y persévèrent. A leur façon spécifique. Que les Allemands appelleraient "klammheimlich".
Il est temps pour les Pays-Bas, à réorienter leur politique internationale en l'insérant dans une politique commune européenne. Là, au moins, il y a plus de chances, que leurs efforts serviront à la sécurité de leurs citoyens, au lieu de les mettre en danger de représailles par les populations humiliées.
[Une version néerlandais est apparu sur De Lage Landen et In Europa Thuis
; une version anglaise à At Home in Europe et à Legal Alien @ NY. Publication française croisée avec Toto Le Psycho]
17 novembre 2006
03 octobre 2006
Arménie-Turquie: M. Chirac a raté une belle occasion à se taire...
Le président français a jugé samedi à Erevan que la Turquie devait reconnaître le génocide arménien avant de pouvoir adhérer à l'Union européenne. (Le Figaro, Paris, 30 septembre 2006)De quoi se mêle-t-il?
Président d'un pays
- qui a lui-même perpétré nombre de génocides, pas plus tard que le vingtième siècle, et qui n'ont jamais été "reconnus",
- non, dont le parlement a même voulu juger, en 2005, qu'elles "avaient contribué au bien-être des populations" ciblés par le colonialisme français,
- d'un pays qui se fout de la République arménienne, pourvu qu'elle ne rende pas difficile l'accès français au pétrole de Bakou en se maîtrisant du Nagorno-Karabakh azerbaidjanais?
"Ils ont raté une bonne occasion à se taire!", dit-il, en avril 2002.Ainsi, le président français surestimait, encore une fois, la place de la France en Europe et dans le monde. C'est dangereux, tout ça. Pour les Français d'abord. Pour nous tous, ensuite. Le Figaro continue:
En visite en Arménie, Jacques Chirac a déclaré que la Turquie doit reconnaître le génocide arménien si elle veut entrer dans l'Union européenne. Jusqu'à présent, la France s'est toujours refusée à établir un lien direct entre la question du génocide arménien et celle de l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne, les Européens n'ayant pas fait de la reconnaissance du génocide arménien de 1915 une condition de l'adhésion de ce pays à l'UE.La Turquie, depuis trois ans gouvernée par un gouvernement islamique modéré,
- bien ancrée depuis les années vingt du XXme siècle dans une constitution qui garantit un État laïque,
- qui fait des pas géants vers une modernisation économique, sociale, culturelle
- qui la fait dépasser en richesse, en protection sociale et en liberté civique des pays accédants à l'UE comme la Bulgarie et la Roumanie -
« Peut-on dire que l'Allemagne, qui a profondément reconnu la Shoah a pour autant perdu son crédit ?», s'est demandé le chef de l'Etat français. « Elle s'est grandie », a-t-il répondu.Naturellement, l'holocauste arménien, le nettoyage ethnique d'une population établie depuis presque deux mille ans au milieu de l'Asie mineure, en Anatolie, doit être commémoré, condamné et, si encore possible, expugné.
Mais est-ce qu'il y a encore un seul survivant de l'administration, de la police, de l'armée ottomanes qui puisse être cité devant la Cour de La Haye?
Et, pour être équitable, est-ce qu'il y a encore un seul représentant de l'administration du Tsar russe qui a abusé des Arméniens contre les Turcs à l'époque 1911-1915?
Et, plus au sujet encore, est-ce qu'il y a encore des administrateurs et politiques grecs de l'époque qui ont nettoyé ethniquement les régions et les îles habitées par des Turcs en les envoyant aux villages arméniens abandonnés en 1918?
Est-ce qu'on puisse encore appeler le Aristide Briand à se défendre contre l'abandon des grecs, des turcs, des arméniens à l'occasion des traités de Versailles (1919/20) et de Locarno (1922)?
Même en considérant, que la République turque actuelle ne peut pas être tenue responsable pour ce qui se passa en 1915, aussi peu que la République française actuelle ne soit responsable pour les méfaits de celle de Vichy en '40-'44, il aurait fallu reconnaître le progrès considérable qui le gouvernement actuel turc a fait au plan du respect des droits humains, du renforcement de la démocratie.
M. Chirac a mal servi l'intérêt français (économique, politique, sécuritaire). Pour ne pas parler de l'intérêt européen.
Mon pronostic: La décision du parlement français à rendre punissable "la négation du génocide arménien", ne sera pas retenue par le Conseil d'État français, aussi peu que sa décision sur une obligation de l'enseignement à commémorer les "bienfaits" de la colonisation française en Afrique du Nord.
Ce n'est pas le rôle de parlements ou de présidents à statuer sur l'interprétation de l'histoire. Comme le nouveau Prix Nobel Pamuk a (lui-même cible d'une action rétrograde juridique au sujet de l'interprétation de l'histoire de l'holocauste arménien) a dit: L'important, c'est la liberté d'en discuter, d'en parler, d'en dialoguer.
Si l'on veuille trouver un bâton historique à frapper le chien ou le bouc émissaire, on en trouvera toujours.
Mais cela ne nous avance jamais.
29 septembre 2006
Atelier regenera à Budapest
C'était au début d'avril.
Les copains du réseau de recherche urbaine européenne "REGENERA" visitaient la ville de Budapest.
La ville a un al fou à mettre sur place une intervention adéquate sur les quartiers urbains à problèmes. La privatisation de l'habitat populaire a été trop brusque, peu réfléchie. La ville de Budapest n'a pas été équipée à intervenir dans ces problèmes complexes-là.
Le maire de Budapest s'en plaignait, en public, pendant la conférence régions-villes du début-juin à Barcelone.
Voici une impression de ce qui reste à faire et de ce qui est en train de se réaliser, malgré tout.
L'animatrice dynamique des interventions sur le district 8 ("Rév8"), au milieu, rousse, explique la politique démolition/reconstruction et réapproprement/rénovation aux démégués européens, dont Claude Jacquier (Grenoble, chapeauté) et Rémy Nouveau (Grand Lyon, à droite).
Résultat des interventions: Un terrain bâtissable, avec rue, encore clôturée.
Les délégués devant la réalité: démolition, relogement, disparition des belles édifices à cour centrale.
Mais aussi: Rénovation. Échafaudages prometteurs.
Sur e-urban journal et sur regenera urblog, nous suivons un peu ce qui se passe dans un pays et dans une ville européens au niveau de la lutte contre l'exclusion spatiale et ethnique.
Les copains du réseau de recherche urbaine européenne "REGENERA" visitaient la ville de Budapest.
La ville a un al fou à mettre sur place une intervention adéquate sur les quartiers urbains à problèmes. La privatisation de l'habitat populaire a été trop brusque, peu réfléchie. La ville de Budapest n'a pas été équipée à intervenir dans ces problèmes complexes-là.
Le maire de Budapest s'en plaignait, en public, pendant la conférence régions-villes du début-juin à Barcelone.
Voici une impression de ce qui reste à faire et de ce qui est en train de se réaliser, malgré tout.
L'animatrice dynamique des interventions sur le district 8 ("Rév8"), au milieu, rousse, explique la politique démolition/reconstruction et réapproprement/rénovation aux démégués européens, dont Claude Jacquier (Grenoble, chapeauté) et Rémy Nouveau (Grand Lyon, à droite).
Résultat des interventions: Un terrain bâtissable, avec rue, encore clôturée.
Les délégués devant la réalité: démolition, relogement, disparition des belles édifices à cour centrale.
Mais aussi: Rénovation. Échafaudages prometteurs.
Sur e-urban journal et sur regenera urblog, nous suivons un peu ce qui se passe dans un pays et dans une ville européens au niveau de la lutte contre l'exclusion spatiale et ethnique.
30 juillet 2006
Perdu dans les hypes-GAZA
Perdu dans les hypes – GAZA
Les souffrances de Gaza ont été inondées par les développements au Liban et leurs conséquences au niveau de la politique internationale. C’est évident. Une grande guerre nous menace.
Mais les assassinats « ciblés », la mort de civils innocents, l’interdiction de circuler, les hôpitaux sans médicaments – tout cela continue dans la bande de Gaza. (Hier, 97 morts à Gaza selon Ha’aretz.)
Imaginons-nous l’indignation générale au sujet de ce traitement tout à fait méprisant des populations concernées, si les événements au Liban n’étaient pas là pour les obscurcir ?
Un des explications possibles du comportement très incongru, faible et apparemment sans objectif concret de l’armée israélienne au Liban, ne serait-elle pas un détournement d’attention bien à point de ce qui se passe au sujet des Palestiniens ?
Les souffrances de Gaza ont été inondées par les développements au Liban et leurs conséquences au niveau de la politique internationale. C’est évident. Une grande guerre nous menace.
Mais les assassinats « ciblés », la mort de civils innocents, l’interdiction de circuler, les hôpitaux sans médicaments – tout cela continue dans la bande de Gaza. (Hier, 97 morts à Gaza selon Ha’aretz.)
Imaginons-nous l’indignation générale au sujet de ce traitement tout à fait méprisant des populations concernées, si les événements au Liban n’étaient pas là pour les obscurcir ?
Un des explications possibles du comportement très incongru, faible et apparemment sans objectif concret de l’armée israélienne au Liban, ne serait-elle pas un détournement d’attention bien à point de ce qui se passe au sujet des Palestiniens ?
23 juillet 2006
Droit à l'autodéfense - pour le Liban aussi?
"Israel a le droit de se défendre" - c'est ce que dit Bush toujours, lorsqu'il désire garder ses mains propres. Et tout le monde le répète.
Mais, si ce droit existe pour l'Etat d'Israel, n'existe-t-il pas pour le Liban, son gouvernement démocratiquement élu, lorsqu'il s'agit de défendre son infrastructure énergétique, ses stations libres de télévision, etc.?
Mais, si ce droit existe pour l'Etat d'Israel, n'existe-t-il pas pour le Liban, son gouvernement démocratiquement élu, lorsqu'il s'agit de défendre son infrastructure énergétique, ses stations libres de télévision, etc.?
27 mai 2006
Rêve européen - Amertume française
En lisant le journal "Le Monde" du 26 mai 2006, un découragement profond, si ce n'est pas une déprime, s'est emparé de votre bloggueur. "Le rêve européen confisqué" par le rédacteur Arnaud Leparmentier énumère tous les "ratés" de la politique française à l'égard de l'Europe des dernières années. Sont revisités:
Mais au moment qu'on parle du "rêve européen", pourquoi se limiter aux illusions, aux manipulations politiciennes françaises, sans aucun regard pour l'Europe réelle, existante, qui, avec tous ses défauts, n'est pas devenue, comme on a longtemps cru et dit à Paris, une sorte de France "élargie", mais quelque chose d'autre, un acteur avec beaucoup de poids dans le jeu mondial des forces économiques, politiques et militaires.
Dans la situation exceptionnelle de l'après-guerre, dans un "petit" Europe, la France a pu jouer un rôle exceptionnellement important, au-dessus de son poids véritable. Ce qui est perdu, c'est seulement l'illusion française qui voulut que cette situation s'éternalise.
Comme souvent, c'est une bourde de Jacques Chirac qui a révélé l'amertume des illusions françaises perdues, quand il ondonnait aux Polonais et aux autres pays est-européens qu'ils devraient se taire au sujet de l'intervention américaine en Irak.
Il est pour le moins décevant qu'une voix importante du journal Le Monde ne saurait s'élever au-dessus de ces considérations, si pénibles qu'elles soient pour le monde politique française.
L'opinion publique française devra, comme les autres opinions publiques, s'habituer à faire partie d'une entité plurinationale nouvelle, importante, dynamique et apprendre à regarder l'Europe et l'Union Européenne à travers un prisme nouveau.
Les lamentations de Leparmentier n'ont pour effet qu'un enracinement d'une vision provinciale de l'Europe en France.
Une opportunité ratée.
- l'élargissement à reculons
- l'illusion du noyau dur
- la langue française marginalisée
- la victoire d'un libéralisme totalitaire
- le piège brittanique, et
- l'impuissance de Jacques Chirac.
Mais au moment qu'on parle du "rêve européen", pourquoi se limiter aux illusions, aux manipulations politiciennes françaises, sans aucun regard pour l'Europe réelle, existante, qui, avec tous ses défauts, n'est pas devenue, comme on a longtemps cru et dit à Paris, une sorte de France "élargie", mais quelque chose d'autre, un acteur avec beaucoup de poids dans le jeu mondial des forces économiques, politiques et militaires.
Dans la situation exceptionnelle de l'après-guerre, dans un "petit" Europe, la France a pu jouer un rôle exceptionnellement important, au-dessus de son poids véritable. Ce qui est perdu, c'est seulement l'illusion française qui voulut que cette situation s'éternalise.
Comme souvent, c'est une bourde de Jacques Chirac qui a révélé l'amertume des illusions françaises perdues, quand il ondonnait aux Polonais et aux autres pays est-européens qu'ils devraient se taire au sujet de l'intervention américaine en Irak.
Il est pour le moins décevant qu'une voix importante du journal Le Monde ne saurait s'élever au-dessus de ces considérations, si pénibles qu'elles soient pour le monde politique française.
L'opinion publique française devra, comme les autres opinions publiques, s'habituer à faire partie d'une entité plurinationale nouvelle, importante, dynamique et apprendre à regarder l'Europe et l'Union Européenne à travers un prisme nouveau.
Les lamentations de Leparmentier n'ont pour effet qu'un enracinement d'une vision provinciale de l'Europe en France.
Une opportunité ratée.
23 mai 2006
Vermeer et le Foulard: Relativisme culturel néerlandais
Élue récemment "meilleure peinture de l'histoire nationale" par un public néerlandais, cette belle image du peintre Vermeer (XVIIe siècle) montre une fille qui porte un foulard qui couvre toute sa chevelure.
Il sera plus difficile, dorénavant, pour les néo-populistes hollandais, de déclarer le foulard islamique "contraire auux traditions culturelles néerlandaises"...
Il sera plus difficile, dorénavant, pour les néo-populistes hollandais, de déclarer le foulard islamique "contraire auux traditions culturelles néerlandaises"...
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30 avril 2006
Les Refusibles
Pierre Bafunta, animateur de quartier aux Minguettes, Vénissieux, France. (Photo: Karim Ben Khelifa, Paris)
"Nous étions les fusibles pour éviter le court-circuit"dit Pierre Bafunta (33, d'origine congolaise), animateur de quartier à Vénissieux, au journal hollandais "NRC", en mars dernier. Le journaliste Gert van Langendonck a vécu pendant deux mois aux Minguettes, dans un appartement spacieux, c'est vrai, mais avec les ordures devant la porte et en ayant la trouille à sortir après la tombée de la nuit.Bafunta: "Les animateurs de quartier [streetcornerworkers, selon le terme anglais: agents des coins de rue] sont apparus jadis comme une solution-miracle: On organise des loisirs pour les adolescents, on cherche un boulot pour les plus âgés. Mais ce système s'est épuisé. Et j'en suis encore toujours l'esclave. Je ne suis pas le seul: il y a un va-et-vient énorme dans ce secteur. L'animateur de quartier, c'est fini!" "Ce qu'on attend de nous, c'est qu'on joue les gardiens de la récré, pour qu'ils ne fassent pas de problèmes. On a été abusés."Au centre de jeunesse des Minguettes, il n'y a en effet que 150 des 2.500 jeunes du quartier qui le fréquentent.
"Ce qui couve dans la Banlieue": Couverture du magazine mensuel de NRC-Handelsblad, Pays-Bas, avril 2006.
Et à part cela, il y a dans l'article du prestigieux journal, la parade des exceptions qui soulignent le règle: l'avocate musulmane, sa soeur qui choisit d'être membre de la "ghetto super classe" et qui refuse à déménager à Lyon même, le salafiste plombier des salles de bain, etc.Après novembre, la France et l'Europe ont oublié vite (encore une fois) les émeutes des cités. D'autres actualités bien plus passionnantes, comme l'espionnage sur Sarkozy par De Villepin, demandent l'attention.
Moi, je ne crois pas que Bafunta ait raison: Une animation créatrice, artistique, munie d'outils vraiment relevants pourrait toujours fonctionner, pourvu qu'elle s'insère dans un effort intégré sur la sécurité, l'école, les vieux, l'habitat, le travail, etc. Mais Sarkozy se fie à un concept abstrait de filtrage de l'immigration selon des critères économiques.
Après les promesses de fin novembre, les habitants se sentiront encore une fois abandonnés. Certes, il y a la tendance à se considérer trop vite comme "victime", justification à ne rien faire.
Le cumul des abandons, des déceptions, des projets trop vite interrompus, crée une ambiance, où les extrémistes à idées fumeuses comme les Salafistes, n'auront qu'à moissonner.
Ce n'est pas un problème franco-français - En 2006, cela devient un problème européen.
Si la Commission européenne a fourni quelques milliards d'euros, elle n'a rien proposé, et encore moins imposé, concernant la façon à dépenser cet argent. C'est une faute. Une erreur évitable.
Tout le monde se réjouit de l'"acquis urbain", résultat de 10 ans d'investissements dans la politique urbaine en Europe. C'est une réjouissance abstraite, vide. La première occasion, où il importait à appliquer cet "acquis urbain", on l'a oublié.
Les fusibles comme Bafunta sautent les plombs dans un refus stérile.
Ensemble, les fusibles-animateurs pourraient proposer, exiger, lutter pour, une approche différente, dont des éléments ont été montrés à Marseille, mais aussi ailleurs.
C'est pourquoi nous avons créé e-urban, plateforme des professionnels de l'urbain en Europe.
Le cercle vicieux des fusibles éjectables, de projets abandonnés quasi avant de commencer, doit être brisé.
Il ne faut pas avoir peur des autorités proches de tutelle. Alliances à un niveau supérieur que ça, sont possibles.
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05 avril 2006
Se retrouver dans mes blogs
Mes activités sur le net, surtout les 'blogging's, se sont développées un peu anarchiquement. Disons: "organiquement": Comme un arbre que se développe par branches et racines.
Sur "Toto Le Psycho", mon autre blog exclusivement en Français, j'ai détaillé, comment retrouver certaines catégories de mes textes. Voir: "Réorganisation sur Huibs Net".
J'aimerais que vous vous rendez une fois sur E-Urban, où se concentrent depuis quelque temps mes initiatives sur l'urbain en Europe.
Il s'y trouvent les:
Sur "Toto Le Psycho", mon autre blog exclusivement en Français, j'ai détaillé, comment retrouver certaines catégories de mes textes. Voir: "Réorganisation sur Huibs Net".
J'aimerais que vous vous rendez une fois sur E-Urban, où se concentrent depuis quelque temps mes initiatives sur l'urbain en Europe.
Il s'y trouvent les:
- Journal (actualités)
- Agenda (activités futures)
- Regenera-UrbLog (ma participation au réseau urbain)
- Huibs UrbLog (mes commentaires personnelles d'expert de régénération urbaine)
- Urbipedia (définitions d'outils de développement urbain en quartiers à la dérive)
- Babel (l'inflation des mots de la politique urbaine)
- Profils de compétence (les hommes et les femmes qui réussissent l'oeuvre urbain du 21me siècle)
- Regenera Workshop à Budapest 30/3 - 1/4 2006.
20 février 2006
L'Espagne devant sa crise d'inflation
Tempête dans un verre d'eau: La Financial Times de Londres s'inquiète du futur de l'économie espagnole, gonflée par une explosion des prix de l'immobilier: FT.com / Comment & analysis / Columnists - Wolfgang Munchau: Spain has reason to quit euro.
C'est vrai que, pendant le régime du PP d'Aznar, le gouvernement espagnol, moyennant dérégulation, a permis une inflation galopante qui a fait disparaître ses avantages de salaires basses dans la compétition économique en Europe. Le refus de plusieurs pays de l'Eurozone à compléter la fusion de leurs économies par la monnaie unique, par une harmonisation de leurs politiques économiques, l'a rendu possible.
Il est vrai aussi, qu'un rétablissement de l'économie espagnole passera par une adaptation douloureuse des revenus salariaux aux capacités réelles de son parc de production.
Mais, comme l'auteur de cet article le constate lui-même, tout se déroulera en toute vraisemblabilité au sein de la zone euro, et non pas au-dehors.
Mais l'apparition d'une telle spéculation dans un périodique sérieux, nous amène encore une fois à nous rendre compte de ce manque fondamental en Europe d'une harmonisation politique des politiques économiques à l'intérieur de la zone euro. Ce manque se fera sentir encore davantage, quand d'autres économies nationales, comme la tchèque, la polonaise ou la slovène se porteront candidat à l'adoption de la monnaie unique. La Banque européenne de Francfort ne peut s'occuper que de l'inflation et du développement de la balance des revenus/dépenses nationaux. Souplesse, correction des politiques, apprivoisement des booms ne peuvent sortir que d'une politique d'équilibre, imposée au niveau européen de l'Eurozone.
Il est urgent que la Grande Bretagne vienne apporter son appui et la force de son économie dans l'Eurozone.
C'est vrai que, pendant le régime du PP d'Aznar, le gouvernement espagnol, moyennant dérégulation, a permis une inflation galopante qui a fait disparaître ses avantages de salaires basses dans la compétition économique en Europe. Le refus de plusieurs pays de l'Eurozone à compléter la fusion de leurs économies par la monnaie unique, par une harmonisation de leurs politiques économiques, l'a rendu possible.
Il est vrai aussi, qu'un rétablissement de l'économie espagnole passera par une adaptation douloureuse des revenus salariaux aux capacités réelles de son parc de production.
Mais, comme l'auteur de cet article le constate lui-même, tout se déroulera en toute vraisemblabilité au sein de la zone euro, et non pas au-dehors.
Mais l'apparition d'une telle spéculation dans un périodique sérieux, nous amène encore une fois à nous rendre compte de ce manque fondamental en Europe d'une harmonisation politique des politiques économiques à l'intérieur de la zone euro. Ce manque se fera sentir encore davantage, quand d'autres économies nationales, comme la tchèque, la polonaise ou la slovène se porteront candidat à l'adoption de la monnaie unique. La Banque européenne de Francfort ne peut s'occuper que de l'inflation et du développement de la balance des revenus/dépenses nationaux. Souplesse, correction des politiques, apprivoisement des booms ne peuvent sortir que d'une politique d'équilibre, imposée au niveau européen de l'Eurozone.
Il est urgent que la Grande Bretagne vienne apporter son appui et la force de son économie dans l'Eurozone.
07 février 2006
Accès aux soins pour tous: Solidarité fragile
Je me considère comme un observateur politique plutôt réaliste, sans beaucoup d'illusions sur les motifs qui président aux actes des politiciens, des Etats, des entreprises et des masses. Mais il m'arrive, comme aujourd'hui, de me réveiller subitement d'un rêve, basée sur une opinion trop rose des facteurs qui ont défini certains progrès de la civilisation. Cela m'est arrivé aujourd'hui au sujet des causes de la prudence relative de l'ancienne politique internationale des Etats-Unis. (Voir mon blog Legal Alien @ NY, The Lost Balance of Power, 7 février 2006).
Mais cela m'est arrivé aussi au sujet qui nous préoccupe ici, par rapport à l'accès aux soins des habitants des quartiers urbains marginalisés en Europe.
Voici:
La généralisation des assurances collectives, obligatoires et gérées directement ou indirectement par les Etats, dans les domaines
Est-ce qu'il y ait eu, alors, un accès soudain de compassion, de solidarité, de civilisation des bourgeois qui monopolisaient encore à l'époque le droit de vote et les pouvoirs économiques?
- En partie, certainement. La compassion, l'aide aux infirmes, soit-elle prescrite par la religion ou par le civisme, est de toujours. C'est à ces sentiments-là que Jacques Chirac réfère, lorsqu'il revient de temps à temps sur ses appèls à réparer la rupture sociale. Mais cela coûte trop cher. Et à l'impossible, nul n'est tenu.
Mais, est-ce que cela coûte tellement plus cher qu'à l'époque où ces dispositions ont été prises?
Pas du tout.
Une réponse m'a été fournie par les travaux de l'école de Norbert Elias, particulièrement le livre d' Abram De Swaan, "In care of the state: Health care, education and welfare in Europe and the USA in the Modern Era" (1988). Les Eliassiens étudient les progrès de la civilisation, de la pacification des relations interhumaines sur de longues périodes historiques. Bien connu est l'étude d'Elias sur le Moyen-Âge, quand les us et coutûmes courtois se répandirent hors de la noblesse, par vagues, liées aux progrès techniques et économiques.
De Swaan a entrepris d'appliquer cette méthode-là aux temps modernes. Une grande partie de ses recherches concerne l'interaction entre la formation des Etats nationaux modernes d'un côté, et les contraintes nouvelles posées par la collectivisation de l'accès aux éléments minimaux d'une vie digne pour tous. Mais nous nous intéressons surtout aux causes et aux raisons de ces contraintes-là, et à la question, si elles existent toujours à notre époque.
Dans une introduction à un projet de recherche pour le réseau REGENERA d'URBACT, et en partant des problèmes et les solutions que nous avons observés dans la ville de La Haye en décembre 2005, je propose, qu'on prenne comme hypothèse de travail la proposition suivante:
Disparition progressive des deux motifs originaux pour l’instauration d’un système public de garantie de soins dans les pays d’Europe
Je pense à deux complexes de motifs complémentaires qui ont occasionné la percée de la collectivisation des soins et des dispositions sociales, il y a un siècle. Puis, je me demande si ces motifs-là sont toujours valables, et s'ils ont disparu, quel effet se produit se produit dans les quartiers urbains habités par une population socialement et économiquement marginalisée.
Les deux conditions sus-mentionnées ont perdu, au cours d’un siècle, beaucoup de leur relevance et de leur force. Et, si elles continuent encore à exister, elles inspirent un discours politique qui est différent de celui d’il y a 100 ans.
Une prochaine fois, j'espère pouvoir parler
Mais cela m'est arrivé aussi au sujet qui nous préoccupe ici, par rapport à l'accès aux soins des habitants des quartiers urbains marginalisés en Europe.
Voici:
La généralisation des assurances collectives, obligatoires et gérées directement ou indirectement par les Etats, dans les domaines
- de la retraite,
- de l'enseignement,
- de l'habitat,
- du transport public et
- des soins (santé, handicaps, extramuraux),
Est-ce qu'il y ait eu, alors, un accès soudain de compassion, de solidarité, de civilisation des bourgeois qui monopolisaient encore à l'époque le droit de vote et les pouvoirs économiques?
- En partie, certainement. La compassion, l'aide aux infirmes, soit-elle prescrite par la religion ou par le civisme, est de toujours. C'est à ces sentiments-là que Jacques Chirac réfère, lorsqu'il revient de temps à temps sur ses appèls à réparer la rupture sociale. Mais cela coûte trop cher. Et à l'impossible, nul n'est tenu.
Mais, est-ce que cela coûte tellement plus cher qu'à l'époque où ces dispositions ont été prises?
Pas du tout.
- D'abord, parce que ce qui apparaît dans l'économie traditionnelle comme coûts, dépenses, "pertes", capital mort, n'est, dans une autre approche économique, elle aussi tout à fait légitime, au contraire un ivestissement productif, créatif et un renforcement bienvenu du pouvoir d'achat, et, ainsi, source d'emplois.
- Et puis, parce que l'argent qui circule dans le domaine collectif et étatique, n'est, en tant que pourcentage du produit annuel brut national, point plus élevé qu'il y a un siècle.
Une réponse m'a été fournie par les travaux de l'école de Norbert Elias, particulièrement le livre d' Abram De Swaan, "In care of the state: Health care, education and welfare in Europe and the USA in the Modern Era" (1988). Les Eliassiens étudient les progrès de la civilisation, de la pacification des relations interhumaines sur de longues périodes historiques. Bien connu est l'étude d'Elias sur le Moyen-Âge, quand les us et coutûmes courtois se répandirent hors de la noblesse, par vagues, liées aux progrès techniques et économiques.
De Swaan a entrepris d'appliquer cette méthode-là aux temps modernes. Une grande partie de ses recherches concerne l'interaction entre la formation des Etats nationaux modernes d'un côté, et les contraintes nouvelles posées par la collectivisation de l'accès aux éléments minimaux d'une vie digne pour tous. Mais nous nous intéressons surtout aux causes et aux raisons de ces contraintes-là, et à la question, si elles existent toujours à notre époque.
Dans une introduction à un projet de recherche pour le réseau REGENERA d'URBACT, et en partant des problèmes et les solutions que nous avons observés dans la ville de La Haye en décembre 2005, je propose, qu'on prenne comme hypothèse de travail la proposition suivante:
Disparition progressive des deux motifs originaux pour l’instauration d’un système public de garantie de soins dans les pays d’Europe
Je pense à deux complexes de motifs complémentaires qui ont occasionné la percée de la collectivisation des soins et des dispositions sociales, il y a un siècle. Puis, je me demande si ces motifs-là sont toujours valables, et s'ils ont disparu, quel effet se produit se produit dans les quartiers urbains habités par une population socialement et économiquement marginalisée.
a. Sur le plan économique (financière, budgétaire)
Même si la privatisation et la commercialisation des soins de santé économies budgétaires sur le plan national (ce qui, d'ailleurs, aux Pays-Bas n'est pas prévu), les dépenses supplémentaires qu'elles amèneront au niveau des revenus privés et au niveau des charges financières des autorités locales, seront beaucoup plus importantes.
Ceci doit intéresser beaucoup les Villes: C'est sur elles, à cause de la dévolution du plan national vers le plan local, que retomberont ces dépenses supplémentaires.
Je laisse ici de côté la discussion sur l’applicabilité des lois du marché dans le domaine des soins.
Mais il me semble opportun, de relever les conséquences néfastes de la concurrence (compétition) inégale entre communautés géographiques, qui sera encore aggravée par cette nouvelle rupture de solidarité collective nationale (européenne ?). Maintenant déjà, les grandes villes et les villes faisant partie de grandes communautés urbaines, se trouvent obligées d’imposer à leurs citoyens des charges collectives beaucoup plus élevées que les communes « riches ». Cette situation s’aiguisera considérablement avec le transfert de la responsabilité pour les soins vers les villes. En France, les efforts de l’Etat à créer une solidarité intercommunale datent d’il y a des dizaines d’années. Sans résultat satisfaisant. Il est même question de ‘sabotage’ des lois et décrets à ce sujet, par les maires-députés de communes aisées. Dans d’autres pays, la situation n’est pas différente.
La rupture géographique qui viendra ainsi renforcer la rupture sociale, n’est pas seulement mortelle pour l’économie des villes (entreprises qui se délocalisent à cause d’un niveau de services trop bas, d’une population mal éduquée et à risques, etc.), mais elle présente aussi, sur le plan macro-économique, un gaspillage énorme et une destruction irréversible d’investissements.
b. Sur le plan hygiénique/qualité de vie générale:
C'est connu, que les investissements dans les systèmes de santé publique couvrant l’entière population, entamés par les pays de l'Europe occidentale à la fin du dix-neuvième siècle, furent occasionnés par deux complexes de considérations :
- L’industrie et le commerce, en plein essor, avaient besoin de quasi toute personne en âge de travailler. On ne pouvait plus se permettre de laisser une grande partie des habitants tomber victime à des maladies, à des handicaps et à l’absence de soins, tandis que les progrès de la médecine permettaient, déjà à cette époque-là, d’éviter une grande partie de cet affaiblissement endémique des populations nouvellement urbanisées à relativement faible dépens. Instaurer un système généralisé et obligatoire d’accès à la médecine et aux soins était donc un choix rationnel du point de vue économique. Puisque les revenus privés étaient insuffisants à porter les risques de santé, un choisit quasi partout un système collectif d’assurance - maladie et –invalidité, géré et garanti par l’Etat. (Les mêmes considérations étaient, d’ailleurs, valables pour l’habitat et pour les retraites (pensions) : dans ces domaines également, l’Etat intervenait à moyen de législation et de subvention de systèmes collectifs).
- La situation hygiénique dans les villes, qui, alors, à cause des structures primitives des transports publics et privés, étaient nécessairement denses et compactes, devenait alarmante pour les couches aisées : La proximité permanente de -et la mixité avec- les masses pauvres urbaines, sources d’épidémies comme la choléra, constituait une menace de plus en plus pesante pour les gens qui, sans cette présence contaminante, auraient été en état de protéger beaucoup mieux leur santé avec les moyens financiers à leur disposition. (Réf.: Norbert Elias, Abram de Swaan, Michel Foucault).
Les deux conditions sus-mentionnées ont perdu, au cours d’un siècle, beaucoup de leur relevance et de leur force. Et, si elles continuent encore à exister, elles inspirent un discours politique qui est différent de celui d’il y a 100 ans.
- L’économie a changé dramatiquement : Le développement de nouvelles technologies a rendu possible une division mondiale du travail. Les économies de nos pays n’ont plus besoin de toute âme qui se trouve dans l’environnement immédiat des usines et d’autres lieux de travail. Les entrepreneurs, les administrations, les autorités subissent la présence d’une population urbaine à boulots pénibles ou chômante non pas comme une ressource, mais comme un fardeau. Du point de vue économique à court et à moyen terme, c’est d’ailleurs une évidence incontournable. Un discours utilitaire (optimaliser la disponibilité d’une force de travail de proximité) a changé en un discours égalitaire : rendre les conditions de vie égales pour tous, mobiliser la responsabilité individuelle et familiale : « Si tu es pauvre et sans moyens à te préserver une bonne santé, c’est de ta faute, sauf preuve du contraire. » C’est le (néo-)conservatisme « compassionnel », c’est les théories du psychiatre Dalrymple et on le retrouve dans l’interdiction aux gens qui gagnent moins que 120% du SMIC à venir habiter dans nombre de quartiers de la ville de Rotterdam. Si l’on vit dans les « gated communities », la santé des gens du dehors ne constituent plus un grand danger de contamination. Il n’est plus besoin de leur proximité. On n’a plus besoin de l’Etat pour régler leurs conditions (qualité) de vie. L’Etat doit se rétrécir.
- La peur de contamination, l’impératif d’un minimum d’hygiène collectif, ont disparu. C’est une deuxième raison pour abandonner le discours ‘solidaire’ pour un discours égalitaire. La situation des soins de santé dans les zones urbaines pauvres est donc sujette à un développement global qui est, semble-t-il, assez irréversible. Les motifs principaux pour la généralisation étatique des soins, celui de l'économie industrielle, basée sur une grande masse de main d'oeuvre disponible à courte distance des lieux de travail urbains, ainsi que celui de l'hygiène urbaine, ont perdu beaucoup de leur force.
Une prochaine fois, j'espère pouvoir parler
- des stratégies possibles dans les quartiers et dans les villes, pour protéger les droits de la population aux dispositions sociales et
- des directives que l'Union Européenne pourrait promulguer pour soutenir une telle action dans les villes.
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26 janvier 2006
Le CdPU en EU (3): Qu'est-ce c'est?
Le Chef de Projet urbain en Europe (3)
Une autre, une VRAIE, cette fois-ci *), responsable d'intervention urbaine au Portugal vient d'écrire:
"...Le gouvernement a gelé tous les budgets d' [action] communautaires ... dans les quartiers urbains à difficultés, en attendant une nouvelle Loi sur les interventions [dans le cadre du] Programme de Lisbonne. [...] Les habitants du quartier [X] de la Ville d' [Y] font la grève. Ils ne savent plus comment expliquer cela aux gens du quartier. Ils se sentent [...] trahis. Deux de mes collaborateurs vont partir: Ils cherchent un boulot plus stable. C'est le [...(mot que je ne comprends pas)] ici... Nous sommes sur le quartier depuis 4 ans. Les responsables de la ville sont très contents de notre travail. Il y a beaucoup de projets en route. [...] Les gens ont vraiment pris de risques et ils ont été ouverts à des compromissions difficiles à défendre devant les habitants..."
The Seven-Years' Itch
Notre travail est en manque de plusieurs choses.
L'émancipation des groupes défavorisés ne figure quasi jamais en tant que telle dans les programmes de rénovation urbaine.
Pourtant, c'est celle-là, et rien d'autre, qui est le vrai objectif de notre intervention. Une amélioration durable de la condition de vie des habitants das quartiers urbains à difficultés, passe nécessairement par l'émancipation. Qu'est-ce que c'est l'émancipation? C'est que les habitants, ou un groupe d'habitants, s'engagent sur un chemin qui les fait sortir de leur condition figée, sans perspectives, vers une participation nettement plus forte aux activités économiques, culturelles et sociales de la communauté environnante. Émancipation ne signifie pas qu'on renie ses racines: au contraire, les bagages de savoirs historiques, particuliers, seront exttrèmement utiles pour se créer des "niches" dans l'économie, pour obtenir une reconnaissance par la culture en pour se maintenir dans la lutte sociale. Nous parmons ici de processus qui prennent un temps à mesurer en années et qui sont chaque fois uniques, à cause des origines divergeantes et des conditions spécifiques posées par chaque environnement urbain.
Le respect des délais minimaux que nécessitent ces processus-ci, n'est pas non plus inscrit dans les programmes d'intervention. C'est pourquoi les autorités de tutelle croient, qu'on puisse interrompre ces processus-là à chaque moment, afin d'y ajouter (dans le meilleur des cas) de nouveaux objectifs. Et, dans le pire des cas, ce qui arrive, hélas, le plus souvent, on pense qu'il serait possible de recommencer à zéro et réengager les gens sur des autres objectifs.
Tout cela souffre également du fait, qu'il n'existent, dans le plupart des cas, pas de "bench marks" pour mesurer l'avancée de l'émancipation comme processus complexe, multisectoriel, qui sort des notions sectorielles de l'administration (et des sciences) et qui transgresse les limites des cloisons administratifs et scientifiques traditionnels.
Il n'y a donc pas moyen, dans l'administration, à balancer les pertes d'une rupture contre ce qu'il y aurait éventuellement à gagner avec une nouvelle approche. Pourtant, régulièrement, souvent après trois ou quatre ans, l'administration aura oublié ce qu'elle a mis en cause par son intervention sur le quartier et va déclarer qu'elle renonce aux objectifs originaux et qu'elle va s'en poser d'autres, plus modernes, plus efficaces, mieux subventionnables. C'est ce que j'appelle "the Seven-Years' Itch": le châtouillement qui envahit l'administration après quelques années et qui l'amène à détruire tout ce qui aurait éventuellement obtenu, en annonçant un renouveau brillant, plein d'espoir et qui sera complètement différent des politiques antérieures.
Les projets urbains que j'ai connus, ne sont que rarement échappés à cette effervescence administrative périodique. Parfois, les chefs de projets y ont survécu: Après une série de discussions au niveau politique, une reformulation du projet a permis de continuer le travail entamé. Les noms et les appellations avaient changé, les personnes et l'approche ont duré. Mais, dans la plupart ces cas, même si le personnel d'intervention et les grandes axes de son travail aient été sauvés, les cadres locaux, les personnes qui s'étaient engagées sur le quartier parmi leurs cohabitants, ont été perdues pour le projet. Découragement, sentiment d'avoir été trahi, enfin... Vous vous l'imaginez mieux que moi.
Les remèdes se situent au niveau de la contractualisation, soit-elle avec les responsables locaux ou avec des administrations super-locales. La contractualisation devrait comprendre (idéalement) une durée suffisante de l'intervention (au moins 5 à 7 années, mais plutôt 10), et/ou une convention sur l'évaluation des résultats qui se base sur des critères d'émancipation, ainsi que une liberté d'adaptation du caractère et de l'ampleur des interventions à entreprendre, selon ce qui résulte de la progression de l'analyse, de plus en plus commun, basé sur un dialogue avec les habitants.
De la part des Chefs de projet, il est essentiel, d'engager les responsables politiques et administratifs dans ces processus. Il ne faut pas se cacher et espérer qu'on nous laisse faire. Il est nécessaire d'immuniser ces gens-là, dans la mesure du possible, contre le châtouillement politique périodique à venir. Le niveau politique local, si engagé avec nous, a la possibilité, dans bien des cas, à protéger le projet contre les secousses de la politique nationale. A l'inverse, il s'avère aussi possible, à engager par exemple le niveau européen pour une plus grande stabilité. Les contrats de subvention européenne, s'ils sont bien ancrés dans les objectifs du projet, fournissent une protection bien efficace contre des velléités locales ou nationales, car ils comportent un cofinancement qui risquent d'être mis en danger par des trop brusques changements de course.
Dans votre cas, s'il est vrai que le projet n'a pas assez d'ancrages dans la politique locale, ni l'européenne, la meilleure tactique à adopter, c'est celle de l'hibernation: préserver autant que possible les réseaux et les cadres mis en place et formés, assurer une continuation des rémunérations des collaborateurs au projet en développer des activités temporaires afin de jeter un "pont" entre les deux phases d'engagement politique. Beaucoup d'habitants connaissent eux-mêmes de telles situations et ils seront solidaires.
*) J'avais voulu protéger l'identité de ma "Portugaise" des CdPU 1 et 2. Elle n'a pas apprécié. Je comprends. C'est une autre, d'un autre pays. Si elle veut, elle peut révéler son identité ici. En attendant, une autre collègue, cette fois-ci une vraie Ibérique, est intervenue, en croyant que ma "première" Portuguaise était un collègue à elle. Je m'excuse auprès de mes deux correspondants. J'espère que "la cause" commune primera...
Une autre, une VRAIE, cette fois-ci *), responsable d'intervention urbaine au Portugal vient d'écrire:
"...Le gouvernement a gelé tous les budgets d' [action] communautaires ... dans les quartiers urbains à difficultés, en attendant une nouvelle Loi sur les interventions [dans le cadre du] Programme de Lisbonne. [...] Les habitants du quartier [X] de la Ville d' [Y] font la grève. Ils ne savent plus comment expliquer cela aux gens du quartier. Ils se sentent [...] trahis. Deux de mes collaborateurs vont partir: Ils cherchent un boulot plus stable. C'est le [...(mot que je ne comprends pas)] ici... Nous sommes sur le quartier depuis 4 ans. Les responsables de la ville sont très contents de notre travail. Il y a beaucoup de projets en route. [...] Les gens ont vraiment pris de risques et ils ont été ouverts à des compromissions difficiles à défendre devant les habitants..."
The Seven-Years' Itch
Notre travail est en manque de plusieurs choses.
L'émancipation des groupes défavorisés ne figure quasi jamais en tant que telle dans les programmes de rénovation urbaine.
Pourtant, c'est celle-là, et rien d'autre, qui est le vrai objectif de notre intervention. Une amélioration durable de la condition de vie des habitants das quartiers urbains à difficultés, passe nécessairement par l'émancipation. Qu'est-ce que c'est l'émancipation? C'est que les habitants, ou un groupe d'habitants, s'engagent sur un chemin qui les fait sortir de leur condition figée, sans perspectives, vers une participation nettement plus forte aux activités économiques, culturelles et sociales de la communauté environnante. Émancipation ne signifie pas qu'on renie ses racines: au contraire, les bagages de savoirs historiques, particuliers, seront exttrèmement utiles pour se créer des "niches" dans l'économie, pour obtenir une reconnaissance par la culture en pour se maintenir dans la lutte sociale. Nous parmons ici de processus qui prennent un temps à mesurer en années et qui sont chaque fois uniques, à cause des origines divergeantes et des conditions spécifiques posées par chaque environnement urbain.
Le respect des délais minimaux que nécessitent ces processus-ci, n'est pas non plus inscrit dans les programmes d'intervention. C'est pourquoi les autorités de tutelle croient, qu'on puisse interrompre ces processus-là à chaque moment, afin d'y ajouter (dans le meilleur des cas) de nouveaux objectifs. Et, dans le pire des cas, ce qui arrive, hélas, le plus souvent, on pense qu'il serait possible de recommencer à zéro et réengager les gens sur des autres objectifs.
Tout cela souffre également du fait, qu'il n'existent, dans le plupart des cas, pas de "bench marks" pour mesurer l'avancée de l'émancipation comme processus complexe, multisectoriel, qui sort des notions sectorielles de l'administration (et des sciences) et qui transgresse les limites des cloisons administratifs et scientifiques traditionnels.
Il n'y a donc pas moyen, dans l'administration, à balancer les pertes d'une rupture contre ce qu'il y aurait éventuellement à gagner avec une nouvelle approche. Pourtant, régulièrement, souvent après trois ou quatre ans, l'administration aura oublié ce qu'elle a mis en cause par son intervention sur le quartier et va déclarer qu'elle renonce aux objectifs originaux et qu'elle va s'en poser d'autres, plus modernes, plus efficaces, mieux subventionnables. C'est ce que j'appelle "the Seven-Years' Itch": le châtouillement qui envahit l'administration après quelques années et qui l'amène à détruire tout ce qui aurait éventuellement obtenu, en annonçant un renouveau brillant, plein d'espoir et qui sera complètement différent des politiques antérieures.
Les projets urbains que j'ai connus, ne sont que rarement échappés à cette effervescence administrative périodique. Parfois, les chefs de projets y ont survécu: Après une série de discussions au niveau politique, une reformulation du projet a permis de continuer le travail entamé. Les noms et les appellations avaient changé, les personnes et l'approche ont duré. Mais, dans la plupart ces cas, même si le personnel d'intervention et les grandes axes de son travail aient été sauvés, les cadres locaux, les personnes qui s'étaient engagées sur le quartier parmi leurs cohabitants, ont été perdues pour le projet. Découragement, sentiment d'avoir été trahi, enfin... Vous vous l'imaginez mieux que moi.
Les remèdes se situent au niveau de la contractualisation, soit-elle avec les responsables locaux ou avec des administrations super-locales. La contractualisation devrait comprendre (idéalement) une durée suffisante de l'intervention (au moins 5 à 7 années, mais plutôt 10), et/ou une convention sur l'évaluation des résultats qui se base sur des critères d'émancipation, ainsi que une liberté d'adaptation du caractère et de l'ampleur des interventions à entreprendre, selon ce qui résulte de la progression de l'analyse, de plus en plus commun, basé sur un dialogue avec les habitants.
De la part des Chefs de projet, il est essentiel, d'engager les responsables politiques et administratifs dans ces processus. Il ne faut pas se cacher et espérer qu'on nous laisse faire. Il est nécessaire d'immuniser ces gens-là, dans la mesure du possible, contre le châtouillement politique périodique à venir. Le niveau politique local, si engagé avec nous, a la possibilité, dans bien des cas, à protéger le projet contre les secousses de la politique nationale. A l'inverse, il s'avère aussi possible, à engager par exemple le niveau européen pour une plus grande stabilité. Les contrats de subvention européenne, s'ils sont bien ancrés dans les objectifs du projet, fournissent une protection bien efficace contre des velléités locales ou nationales, car ils comportent un cofinancement qui risquent d'être mis en danger par des trop brusques changements de course.
Dans votre cas, s'il est vrai que le projet n'a pas assez d'ancrages dans la politique locale, ni l'européenne, la meilleure tactique à adopter, c'est celle de l'hibernation: préserver autant que possible les réseaux et les cadres mis en place et formés, assurer une continuation des rémunérations des collaborateurs au projet en développer des activités temporaires afin de jeter un "pont" entre les deux phases d'engagement politique. Beaucoup d'habitants connaissent eux-mêmes de telles situations et ils seront solidaires.
*) J'avais voulu protéger l'identité de ma "Portugaise" des CdPU 1 et 2. Elle n'a pas apprécié. Je comprends. C'est une autre, d'un autre pays. Si elle veut, elle peut révéler son identité ici. En attendant, une autre collègue, cette fois-ci une vraie Ibérique, est intervenue, en croyant que ma "première" Portuguaise était un collègue à elle. Je m'excuse auprès de mes deux correspondants. J'espère que "la cause" commune primera...
19 janvier 2006
REGENERA La Haye: Où j'en suis.
Le réseau REGENERA d'URBACT s'occupe de l'étude des effets et des conditions de l'intervention urbaine, intégrée et localisée, sur la Qualité de Vie. Ville centrale du réseau européen est Lyon. La composition et le programme du réseau sont résumées par URBACT ici (Cela se voit avec "flash". Possibilité de l'installer sur place).
J'ai parlé plusieurs fois de REGENERA. Dernièrement sur "At Home in Europe", référencié plus loin dans le texte, et aussi sur "Toto Le Psycho", où l'on retrouve quelques impressions de la visite à La Haye, ainsi que les fotos de beaucoup des acteurs principaux de REGENERA en action.
Premiers éléments pour une contribution basée sur les recherches à La Haye (décembre 2005) pour l’étude sur la Qualité de Vie urbaine du Réseau urbain européen d'URBACT-REGENERA
Bruxelles, 19 janvier 2006
J'ai étudié un peu la situation hollandaise, par rapport aux initiatives et actions, ayant une relation (éventuelle) à la Qualité De Vie dans les quartiers de La Haye.
Sur le plan national: c'est une mer à boire. Même si je me limite à la santé proprement dite. Car il faut y inclure évidemment tout le "bien-être" aussi, i.e.: les "zorg-arrangementen" pour les vieux, les grands-malades, les handicapés, etq..
La raison principale en est la série impressionnante de transformations que l'actuel gouvernement centre-droit a réussi à mettre en oeuvre.
Les tendances principales de l’"Umwertung aller Werten" quasi-totale dans le domaine, sont:
Une bonne entrée dans les tendances actuelles de la politique de la Ville aux Pays-Bas, voir la Loi "Rotterdam" (Rotterdam-Wet), proposée par la majorité populiste du Conseil Municipal de la ville de Rotterdam en 2003 à tendance raciste et sécuritaire, puis un peu ramollie par le Parlement et étendue aux trois grandes villes du pays. Elle vient d'être promulguée et son application a été le sujet d'une conférence du gouvernement avec les trois villes, le 16 janvier dernier. Informations en néerlandais chez Kenniscentrum Grote Steden, qui sera sans doute disponible bientôt sur KCGS-International et l'EUKN.
Sur le plan local, il est important à noter que, traditionnellement, la Ville de La Haye a une préférence plus marquée que les autres grandes villes, à travailler avec l'initiative privé non-commerciale.
Un bon exemple de cette stratégie est fourni par le Plan municipal pour les quartiers en difficulté du Sud-Ouest de la Ville (que nous n'avons pas visités en décembre), à consulter (avec son rapportage intermédiaire de 2005) via KCGS sur "Actieplan voor sociale kwaliteit Den Haag". C'est en néerlandais, mais il est évident que le Plan consiste surtout en une allocation minutieuse de fonds à des organisations culturelles et caritatives, y compris des mosquées.
En soi, cela ne constitue qu’un petit début d’analyse.
Les effets sur la qualité de vie des habitants et des autres citoyens de la ville, dépendent, surtout dans le cadre de l’approche de La Haye, en première place des capacités des coordinateurs sur place et de l’implication structurée des habitants dans le Plan. En deuxième place, il me semble qu’il faudrait également étudier la solidité et la durabilité des structures sociales sur lesquelles les plans haguenois s’appuient si fort.
Est-ce que l’équipe de suivi scientifique a adopté ou élaboré un set de critères pour évaluer les unes et les autres ?
En construisant une contribution à REGENERA en commençant ainsi, par « en-bas », je trouverai peut-être moyen de jeter plus de lumière sur ce qui forme l’arrière-plan politique, économique et sociale, et de distinguer entre ce qui relève du politiquement possible , de la volonté donc, en le contrastant aux conditions moins influençables.
Huib Riethof
e▪urban Urban Regeneration in Europe
By: c.v. Postquam European Advisers
Place Morichar, 12 - 1060 Brussels, BelgiumTel: +32 2 537 67 33 - Mobile: +32 475 25 67 82 - Fax: +32 2 537 31 91
HUIBS.NET At Home in Europe
J'ai parlé plusieurs fois de REGENERA. Dernièrement sur "At Home in Europe", référencié plus loin dans le texte, et aussi sur "Toto Le Psycho", où l'on retrouve quelques impressions de la visite à La Haye, ainsi que les fotos de beaucoup des acteurs principaux de REGENERA en action.
Voici un bref rapportage de ma main sur le progrès des travaux par rapport à la ville hollandaise de La Haye, où le thème de la Santé a été étudié par une équipe internationale du Réseau, début décembre 2005.
Premiers éléments pour une contribution basée sur les recherches à La Haye (décembre 2005) pour l’étude sur la Qualité de Vie urbaine du Réseau urbain européen d'URBACT-REGENERA
Bruxelles, 19 janvier 2006
J'ai étudié un peu la situation hollandaise, par rapport aux initiatives et actions, ayant une relation (éventuelle) à la Qualité De Vie dans les quartiers de La Haye.
Sur le plan national: c'est une mer à boire. Même si je me limite à la santé proprement dite. Car il faut y inclure évidemment tout le "bien-être" aussi, i.e.: les "zorg-arrangementen" pour les vieux, les grands-malades, les handicapés, etq..
Les bâtiments du parlement et du gouvernement néerlandais se trouvent à La Haye, mais Amsterdam est la capitale du pays. On voit la 'Hofvijver' (Étang de la Cour' des Comtes médiévaux de la Hollande); en avant-plan plusieurs bâtiments du parlement et la "Tourette": le cabinet du premier ministre; en arrière-plan: édifices des ministères et de grandes entreprises. A quelques centaines de mètres au Sud-Est se trouvent, derrière la Fracture Sociale locale, les quartiers les plus démunis du pays, comme la 'Schilderswijk'.
La raison principale en est la série impressionnante de transformations que l'actuel gouvernement centre-droit a réussi à mettre en oeuvre.
Les tendances principales de l’"Umwertung aller Werten" quasi-totale dans le domaine, sont:
- privatisation (p.e.: assurances-maladie gérées exclusivement par le privé à partir du 1.1.06),
- dévolution massive de responsabilités étatiques non-privatisées vers les villes (p.-e.: chômage et réinsertion),
- remplacement de la solidarité civique par "self-care": assurances individuelles et familiales remplaçant les assurances collectives nationales,
- exclusion (ou diminuer l'inclusion) des catégories de la population qui sont les moins bienvenues: les immigrés non-occidentaux, les chômeurs à longue durée, les gens prépensionnés contre leur gré, etq.
- une préoccupation très forte avec la "sécurité", i.e.: propositions à diminuer ou retirer les allocations sociales de parents de jeunes "révoltés", barrières financières (pour en éviter des ethniques) contre l'étabillement de gens relativement pauvres dans certains quartiers, etq.
Une bonne entrée dans les tendances actuelles de la politique de la Ville aux Pays-Bas, voir la Loi "Rotterdam" (Rotterdam-Wet), proposée par la majorité populiste du Conseil Municipal de la ville de Rotterdam en 2003 à tendance raciste et sécuritaire, puis un peu ramollie par le Parlement et étendue aux trois grandes villes du pays. Elle vient d'être promulguée et son application a été le sujet d'une conférence du gouvernement avec les trois villes, le 16 janvier dernier. Informations en néerlandais chez Kenniscentrum Grote Steden, qui sera sans doute disponible bientôt sur KCGS-International et l'EUKN.
"Julie, La Haye"
est le titre de cette photo de la célèbre photographe féministe Rineke Dijkstra. Elle fait partie d'une série d'images captivants de filles et de femmes de tous les pays d'Europe.
est le titre de cette photo de la célèbre photographe féministe Rineke Dijkstra. Elle fait partie d'une série d'images captivants de filles et de femmes de tous les pays d'Europe.
Sur le plan local, il est important à noter que, traditionnellement, la Ville de La Haye a une préférence plus marquée que les autres grandes villes, à travailler avec l'initiative privé non-commerciale.
(La Haye Sud-Ouest: Bel urbanisme social des années 50/60. Immigration et négligence y demandent interventions intégrées.)
Un bon exemple de cette stratégie est fourni par le Plan municipal pour les quartiers en difficulté du Sud-Ouest de la Ville (que nous n'avons pas visités en décembre), à consulter (avec son rapportage intermédiaire de 2005) via KCGS sur "Actieplan voor sociale kwaliteit Den Haag". C'est en néerlandais, mais il est évident que le Plan consiste surtout en une allocation minutieuse de fonds à des organisations culturelles et caritatives, y compris des mosquées.
En soi, cela ne constitue qu’un petit début d’analyse.
Les effets sur la qualité de vie des habitants et des autres citoyens de la ville, dépendent, surtout dans le cadre de l’approche de La Haye, en première place des capacités des coordinateurs sur place et de l’implication structurée des habitants dans le Plan. En deuxième place, il me semble qu’il faudrait également étudier la solidité et la durabilité des structures sociales sur lesquelles les plans haguenois s’appuient si fort.
Est-ce que l’équipe de suivi scientifique a adopté ou élaboré un set de critères pour évaluer les unes et les autres ?
En construisant une contribution à REGENERA en commençant ainsi, par « en-bas », je trouverai peut-être moyen de jeter plus de lumière sur ce qui forme l’arrière-plan politique, économique et sociale, et de distinguer entre ce qui relève du politiquement possible , de la volonté donc, en le contrastant aux conditions moins influençables.
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15 janvier 2006
M. Bush défend la "nécessité" de Guantanamo devant Mme Merkel
Ce n'est pas étonnant sur Le Monde.fr : M. Bush défend la "nécessité" de Guantanamo devant Mme Merkel
mais il la regarde d'une façon qui fait penser à Mme Miers. C'est horrible. Voir Toto au blog du "Monde".
mais il la regarde d'une façon qui fait penser à Mme Miers. C'est horrible. Voir Toto au blog du "Monde".
12 janvier 2006
Banlieues, chômage et communautés, par Daniel Cohen
Une contribution de Daniel Cohen, remarquable, aujourd'hui au journal Le Monde: Banlieues, chômage et communautés.
Il explique un phénomène, celui du chômage et de la rupture sociale des certaines catégories de jeunes des cités, non pas par leurs origines ethniques, religieuses ou culturelles, mais par les succès ou les non-succès des générations (immédiatement) précédentes.
Pour fonder sa proposition, Cohen élabore sur un fait social (et culturel) trop peu pris en compte dans les recherches et invisible dans les statistiques: celui de la solidarité familiale-communautaire. Les parents fournissent les moyens pour les jeunes à aller gagner leur vie, de préférence dans une entreprise familiale ou faisant partie de la communauté, naturellement dans leur propre intérêt (soutien pendant leur vieillesse).
C'est un motif aussi pour discipliner et orienter les jeunes, vers l'école, l'apprentissage. Les jeunes, une fois adultes, transmettront ce "capial" (qui est en partie non-monétaire) aux générations suivantes.
Une fois cette chaîne brisée, par exemple à cause d'une exclusion massale du travail d'une génération, les parents n'auront plus rien à transmettre, les jeunes révoltent contre eux, car la discipline que les parents veulent imposer, ne mène à rien. Elle n'a plus de sens.
Les vieux se retirent, dans une attente impuissante. Les jeunes prennent la rue. Et ils seront reniés par leurs enfants à leur tour.
Il n'y a pas seulement des ruptures de générations dans ces cas-là, mais aussi des ruptures entre hommes et femmes. Les femmes régissent différemment à ces événéments-là. Elles se trouvent des boulots, suivent mieux l'enseignement et s'occupent des enfants, souvent comme mère célibataire.
Dans un monde avec un niveau assez bas de solidarité au niveau national, comme les Etats-Unis, ce méchanisme communautaire est plus évident qu'ailleurs, par exemple en France, où, depuis la fin du dix-neuvièmle siècle, l'éducation est affaire d'état. Et la solidarité aussi. On y est si frileux à prendre en compte les faits communautaires, fédéralistes, qu'elles sont refoulées dans les recherches et l'observation de la réalité de tous les jours.
Pourtant, comme Cohen constate, la société française est en partie toujours fondée sur ces solidarités familiales, communautaires. C'est ce qui rend un niveau moyen de chômage assez élevé (10%) encore tolérable pour les catégories de la population qui n'ont pas connu ces ruptures d'exclusion dans les générations immédiatement précédentes. On se débrouille, entre parents et enfants, oncles, cousins, dans le village, entre les copains d'une profession particulière.
Les paratiquants de la régénération urbaine connaissent tout cela. L'important, c'est que l'on commence apparemment à s'en rendre compte ailleurs aussi.
Je trouve que l'intervention de Cohen au "Monde" est un signal très utile, qu'il faut arrêter de chercher exclusivement les problèmes et les solutions dans les quartiers à difficultés dans le domaine de la culture, de la religion ou dans le fonctionnement de l'accès au travail.
Sans renier une responsabilité générale étatique, il s'avérera (et il s'est avéré) parfaitement viable à réparer cette rupture des générations qui empêche qui un certain communautarisme joue son rôle bénéfice.
Je pense à l'application des programmes-histoire, par exemple, qui renouent l'actualité et le présent, qui ressoudent les générations, en remettant à la lumière les savoirs utiles des anciens et les savoirs nouveaux des jeunes qui ont à se battre pour une place digne dans la société.
C'est un débat à suivre. et à transformer en actions concrètes!
Même dans les Etats qui situent
Il explique un phénomène, celui du chômage et de la rupture sociale des certaines catégories de jeunes des cités, non pas par leurs origines ethniques, religieuses ou culturelles, mais par les succès ou les non-succès des générations (immédiatement) précédentes.
Pour fonder sa proposition, Cohen élabore sur un fait social (et culturel) trop peu pris en compte dans les recherches et invisible dans les statistiques: celui de la solidarité familiale-communautaire. Les parents fournissent les moyens pour les jeunes à aller gagner leur vie, de préférence dans une entreprise familiale ou faisant partie de la communauté, naturellement dans leur propre intérêt (soutien pendant leur vieillesse).
C'est un motif aussi pour discipliner et orienter les jeunes, vers l'école, l'apprentissage. Les jeunes, une fois adultes, transmettront ce "capial" (qui est en partie non-monétaire) aux générations suivantes.
Une fois cette chaîne brisée, par exemple à cause d'une exclusion massale du travail d'une génération, les parents n'auront plus rien à transmettre, les jeunes révoltent contre eux, car la discipline que les parents veulent imposer, ne mène à rien. Elle n'a plus de sens.
Les vieux se retirent, dans une attente impuissante. Les jeunes prennent la rue. Et ils seront reniés par leurs enfants à leur tour.
Il n'y a pas seulement des ruptures de générations dans ces cas-là, mais aussi des ruptures entre hommes et femmes. Les femmes régissent différemment à ces événéments-là. Elles se trouvent des boulots, suivent mieux l'enseignement et s'occupent des enfants, souvent comme mère célibataire.
Dans un monde avec un niveau assez bas de solidarité au niveau national, comme les Etats-Unis, ce méchanisme communautaire est plus évident qu'ailleurs, par exemple en France, où, depuis la fin du dix-neuvièmle siècle, l'éducation est affaire d'état. Et la solidarité aussi. On y est si frileux à prendre en compte les faits communautaires, fédéralistes, qu'elles sont refoulées dans les recherches et l'observation de la réalité de tous les jours.
Pourtant, comme Cohen constate, la société française est en partie toujours fondée sur ces solidarités familiales, communautaires. C'est ce qui rend un niveau moyen de chômage assez élevé (10%) encore tolérable pour les catégories de la population qui n'ont pas connu ces ruptures d'exclusion dans les générations immédiatement précédentes. On se débrouille, entre parents et enfants, oncles, cousins, dans le village, entre les copains d'une profession particulière.
Les paratiquants de la régénération urbaine connaissent tout cela. L'important, c'est que l'on commence apparemment à s'en rendre compte ailleurs aussi.
Je trouve que l'intervention de Cohen au "Monde" est un signal très utile, qu'il faut arrêter de chercher exclusivement les problèmes et les solutions dans les quartiers à difficultés dans le domaine de la culture, de la religion ou dans le fonctionnement de l'accès au travail.
Sans renier une responsabilité générale étatique, il s'avérera (et il s'est avéré) parfaitement viable à réparer cette rupture des générations qui empêche qui un certain communautarisme joue son rôle bénéfice.
Je pense à l'application des programmes-histoire, par exemple, qui renouent l'actualité et le présent, qui ressoudent les générations, en remettant à la lumière les savoirs utiles des anciens et les savoirs nouveaux des jeunes qui ont à se battre pour une place digne dans la société.
C'est un débat à suivre. et à transformer en actions concrètes!
Même dans les Etats qui situent
07 janvier 2006
Le Chef de Projet urbain en Europe - Qu'est-ce que c'est? (2)
"La méthodologie on ne peut pas l'apprendre a l'Université, c' est le résultat
de notre expérience. Dont nous ne savons, peut-être, pas comme la transmettre", écrit ma correspondante portugaise, en réponse au mail que je citais dans la note précédante. Ce qui me donne l'occasion d'élaborer sur en des sujets que j'annonçais à la fin de mon commentaire.
J'ai répondu (extrait du mail du 07/01/2006):
Je ne suis pas d'accord avec toi, que la méthodologie de l'intervention territoriale ou sociale (orientée vers certains groupes) dans les villes, n'aurait pas sa place à l'université. Il faut, à mon avis, un grand effort de recherche scientifique, transversale, avec comme objectif une critique des fondements de
Ce qui me rappelle, que je dois absolument parler aussi de la participation, de l'autogestion et les méthodes de consultation et de négotiation avec les populations et avec les autres acteurs de l'intervention intégrée urbaine...
C'est essentiel pour un bon suivi et, aussi, pour revenir au niveau scientifique, une énorme contribution potentielle des acteurs de la rénovation urbaine, aux théories politiques (politicologiques) sur l'articulation de la démocratie.
À suivre, donc....
de notre expérience. Dont nous ne savons, peut-être, pas comme la transmettre", écrit ma correspondante portugaise, en réponse au mail que je citais dans la note précédante. Ce qui me donne l'occasion d'élaborer sur en des sujets que j'annonçais à la fin de mon commentaire.
J'ai répondu (extrait du mail du 07/01/2006):
Je ne suis pas d'accord avec toi, que la méthodologie de l'intervention territoriale ou sociale (orientée vers certains groupes) dans les villes, n'aurait pas sa place à l'université. Il faut, à mon avis, un grand effort de recherche scientifique, transversale, avec comme objectif une critique des fondements de
- certaines parties de la sociologie, de la sociographie, et de la psychologie sociale,
- l'économie des entreprises et l'économie monétaire et étatique,
- l'histoire des émancipations collectives
- l'urbanisme,
- la statistique,
- et tutti quanti...
Cette recherche critique devrait, bien sûr, se fonder sur nos expériences concrètes, identifier le moments et les endroits où apparaissent des anomalies, retourner aux sources philosophiques de ces domaines de savoir, les rectifier, le cas échéant, et puis rassembler ces secteurs dans une approche intégrée. Ce n'est qu'alors, qu'une méthodologie d'analyse et de diagnostic, ainsi que d'un suivi évaluatif, pourront être développées.
Ceci n'empêche pas, que la formation des intervenants puisse se faire hors des universités: dans des académies et dans des cours postuniversitaires ou de perfection professionnelle.
Ceci n'empêche pas, que la formation des intervenants puisse se faire hors des universités: dans des académies et dans des cours postuniversitaires ou de perfection professionnelle.
Ce que nous faisons maintenant, avec les bonnes rencontres internationales de travail en commun, ne fait que remplacer une production de savoir et de savoir-faire moderne, scientifique, par une méthode plus instinctive, traditionnelle.
Nous sommes comme les jeunes apprentis-artisans des temps d'avant la révolution industrielle, qui quittaient leur ville, leurs parents, les autres membres de la corporation (qui étaient leurs compétiteurs) pour aller apprendre le métier dans une ambiance non-hostile, neutre, dans des pays lointains. Ainsi, les apprentis-ébénistes allemands se retrouvaient en France et vice-versa, pour y parcourir une sorte de rite d'initiation. Ce n'était pas très efficace du point de vue économique, car les savoirs devaient se réinventer chaque fois, mais d'un point de vue humain et éducatif, c'était parfait. Pour l'époque. C'est Claude Jacquier qui a trouvé cet image fort sur nos voyages européens des experts de l'intervention urbaine, il y a plus que dix ans déjà.
Nous sommes comme les jeunes apprentis-artisans des temps d'avant la révolution industrielle, qui quittaient leur ville, leurs parents, les autres membres de la corporation (qui étaient leurs compétiteurs) pour aller apprendre le métier dans une ambiance non-hostile, neutre, dans des pays lointains. Ainsi, les apprentis-ébénistes allemands se retrouvaient en France et vice-versa, pour y parcourir une sorte de rite d'initiation. Ce n'était pas très efficace du point de vue économique, car les savoirs devaient se réinventer chaque fois, mais d'un point de vue humain et éducatif, c'était parfait. Pour l'époque. C'est Claude Jacquier qui a trouvé cet image fort sur nos voyages européens des experts de l'intervention urbaine, il y a plus que dix ans déjà.
Depuis, chaque fois que j'en trouve une occasion, j'ai essayé à ne le pas manquer afin de pouvoir déposer mon plaidoyer pour une plus forte implication scientifique, indépendant et universitaire dans le domaine de l'émancipation urbaine. Dans les meilleurs des cas, les professeurs, les chefs des départements des facultés, m'ont regardé avec des yeux ronds et innocents en me promettant d'y penser. Ils pensent encore.
Mais il ya d'autres que moi, qui font bouger un peu le monde scientifique dans la bonne direction: Claude, via le CNRS et les universités de Grenoble et de Lyon et aussi via tout un réseau international qu'il crée avec ses propres mains et qui a obtenu une place auprès de la Commission européenne; Gabriel Chanan, le directeur scientifique de la Community Development Foundation d'Angleterre, exerce aussi son influence dans la bonne direction. Puis, j'ai pu constater à Amsterdam, où une conférence européenne sur la Ville était combinée, l'année passée, avec une réunion d'une organisation internationale des statisticiens, que même ce monde-là, très figé, bouge bel et bien. Une infusion de scientifiques avec une expérience au tiers-monde peut aider aussi: Florence en témoigne avec l'équipe italienne d'accompagnement des réseaux URBACT de Partecipando et d' UDIEX-ALEP. L'équipe d'accompagnement scientifique rénove l'approche de la participation civile dans les villes. J'appris leurs expériences dans un groupe de travail de la réunion annuelle de Liverpool en novembre dernier.
Ce qui me rappelle, que je dois absolument parler aussi de la participation, de l'autogestion et les méthodes de consultation et de négotiation avec les populations et avec les autres acteurs de l'intervention intégrée urbaine...
C'est essentiel pour un bon suivi et, aussi, pour revenir au niveau scientifique, une énorme contribution potentielle des acteurs de la rénovation urbaine, aux théories politiques (politicologiques) sur l'articulation de la démocratie.
À suivre, donc....
06 janvier 2006
Le Chef de Projet urbain en Europe - Qu'est-ce-que c'est?
"Qu'est-ce-qu'il y a de si particulier à cette profession de chef de projet urbain?" - Bien de personnes proches me le demandent. Ils me voient voyager d'une ville à l'autre, participer aux conférences et aux groupes de travail. Comme un commis voyageur, plutôt qu'un adviseur expert des problèmes urbains. "Et pourquoi est-ce tout le temps "européen"? Ne ferais-tu pas mieux de rester un peu dans les parages que tu connais un peu?"
Un début de réponse se trouve dans le texte suivant, extrait d'un mail que je viens d'envoyer à une collègue portugaise. Sociologue, elle avait abandonné une poste administrative dans le service social de sa région natale, pour se lancer sur un terrain inconnu: les faubourgs en dérive de la vieille ville industrielle de Sétubál.
Voici ma "profession de foi professionnelle":
Le monde des gérants de projets urbains est rempli de gens comme toi et moi. Des hommes et des femmes qui souvent ont sacrifié une carrière administrative ou scientifique, ou, de toute façon, une vie tranquille, afinde poursuivre les objectifs qu'ils s'étaient proposés dans leur jeunesse.
Des objectifs concrets de société, de communauté, enfin, de "solidarité"aussi. Mais celle-ci sort déjà de l'ensemble de nos motifs: Les donateurs des charités sont "solidaires" aussi, n'est-ce pas?
C'est pourquoi je l'aime, cette communauté trop virtuelle des chefs de projet urbains. C'est une profession qui ne s'apprend pas aux écoles. Pourtant, il en existe une méthodologie, j'en suis certain, mais elle n'a pas encore été révélée aux universités.
On est terriblement seuls aussi, dans notre travail. C'est en partie une choix: nous sommes des individualistes qui ont horreur des inspections bureaucratiques. Mais le côté négatif de cette isolation-là se révèle, quand nous nous rencontrons sur le plan européen. Alors, tout d'un coup, la découverte de l'existence de collègues, de frères et soeurs (enfin: disons "cousins") qui ont une histoire parallèle à la nôtre, qui se battent avec les mêmes problèmes et qui y trouvent souvent les mêmes solutions que nous - ou des meilleures.
Paradoxalement, la distance géographique nous rapproche alors. J'explique cela ainsi: La distance géographique nous permet de laisser tomber nos carapaces habituelles contre la méfiance des habitants des quartiers, contre les autorités administratives de tutelle et, peut-être aussi, nos boucliers à l'encontre des individualistes du quartier voisin ou de la ville voisine.
C'est d'une richesse énorme et les rencontres de travail de cette sorte-là m'inspirent toujours à découvrir des choses nouvelles ou à créer une nouvelle ligne de pensée qui pourrait enrichir la "méthodologie" future de l'émancipation urbaine.
C'est ce que je viens d'écrire à ma correspondante au Portugal. Il y aurait plein d'autres observations à faire:
Un début de réponse se trouve dans le texte suivant, extrait d'un mail que je viens d'envoyer à une collègue portugaise. Sociologue, elle avait abandonné une poste administrative dans le service social de sa région natale, pour se lancer sur un terrain inconnu: les faubourgs en dérive de la vieille ville industrielle de Sétubál.
Voici ma "profession de foi professionnelle":
Le monde des gérants de projets urbains est rempli de gens comme toi et moi. Des hommes et des femmes qui souvent ont sacrifié une carrière administrative ou scientifique, ou, de toute façon, une vie tranquille, afinde poursuivre les objectifs qu'ils s'étaient proposés dans leur jeunesse.
Des objectifs concrets de société, de communauté, enfin, de "solidarité"aussi. Mais celle-ci sort déjà de l'ensemble de nos motifs: Les donateurs des charités sont "solidaires" aussi, n'est-ce pas?
C'est pourquoi je l'aime, cette communauté trop virtuelle des chefs de projet urbains. C'est une profession qui ne s'apprend pas aux écoles. Pourtant, il en existe une méthodologie, j'en suis certain, mais elle n'a pas encore été révélée aux universités.
On est terriblement seuls aussi, dans notre travail. C'est en partie une choix: nous sommes des individualistes qui ont horreur des inspections bureaucratiques. Mais le côté négatif de cette isolation-là se révèle, quand nous nous rencontrons sur le plan européen. Alors, tout d'un coup, la découverte de l'existence de collègues, de frères et soeurs (enfin: disons "cousins") qui ont une histoire parallèle à la nôtre, qui se battent avec les mêmes problèmes et qui y trouvent souvent les mêmes solutions que nous - ou des meilleures.
Paradoxalement, la distance géographique nous rapproche alors. J'explique cela ainsi: La distance géographique nous permet de laisser tomber nos carapaces habituelles contre la méfiance des habitants des quartiers, contre les autorités administratives de tutelle et, peut-être aussi, nos boucliers à l'encontre des individualistes du quartier voisin ou de la ville voisine.
C'est d'une richesse énorme et les rencontres de travail de cette sorte-là m'inspirent toujours à découvrir des choses nouvelles ou à créer une nouvelle ligne de pensée qui pourrait enrichir la "méthodologie" future de l'émancipation urbaine.
C'est ce que je viens d'écrire à ma correspondante au Portugal. Il y aurait plein d'autres observations à faire:
- la non-compréhension de l'approche holistique (politiques intégrées qui partent de l'individu et du groupe et qui ne connaissent aucun tabou sur le plan des secteurs de l'administration à attaquer);
- les charges administratifs lourds des chefs-de-projet, qui sont chaque fois obligés de "traduire" leurs rapports d'activités vers les cadres administratifs, périmés depuis, qui ont été définis à l'origine du projet;
- la comparaison des trajets de perfection professionnelle des chefs de projet locaux avec les "chemins d'apprentissage" des apprentis artisans des temps pré-industriels, qui parcouraient l'Europe entière afin de pouvoir apprendre leur métier, loin de leur ville, loin de leurs parents, et de commettre les fautes du débutant dans une ambiance neutre, image dû au seul spécialiste scientifique engagé dans ce monde: Claude Jacquier du CNRS, Grenoble;
- la "seven-years-itch" qui fait que, trop souvent, après un maximum de sept années, les autorités coupent radicalement court aux projets en route, en détruisant la difficile confiance gagnée auprès des habitants, ainsi que les savoir-faire des chefs de projet locaux;
- etc., etc...
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