19 avril 2007

L'Économie de la France diffamée par la BBC

Outre-Manche, on a l'habitude de sousestimer structurellement la France. L'EuroBlog 'A Fistful of Euros' (AFOE) le signale encore une fois. C'est un Blog en anglais, fort sérieux, très indépendant et pas du tout gauchiste.
Voici:

Economic nonsense about France

(Non-sense économique au sujet de la France)

Encore une fois. Voici ce que la BBC propose dans son article-web (background article) mis-à-jour-pour-les-élections-imminentes en France:

Mais l'économie française s'est développée plus lentement que celle de n'importe quel autre pays developpé. En 2006, sa croissance de 2% a été la pire en Europe.

Et AFOE de continuer:

Eh bien, en m'excusant de dire l'évident, une seule année ne montre pas une tendance: si nous étudions la période 2002-2006, le taux de croissance français moyen n'était que d'une maigre 1.6%*, mais il est égal à la moyenne européenne et nettement supérieur à ce que des pays comme les Pays-Bas (1,4%), l'Allemagne (0,9%), l'Italie (0,7%) et le Portugal (0,6%) ont réussi pendant la même période. Je passe sur la moyenne sur 10 ans (1997-2006), qui s'avère même plus favorable pour la France.
Le taux de chômage français, selon la BBC de 9,8% pour 2006, n'est, si l'on coit le Bureau de Statistiques de l'UE, pour la France que de 8,8% (8,4% selon le Bureau de Statitiques gouvernemental français, mais ce chiffre est fort contesté).

La BBC continue:

Les finances publiques sont surchargés par le système de financement des pensions et les dépenses sur la santé qui s'augmentent en permanence. Le taux d'imposition est de 50% du produit brut national, un des plus élevés en Europe en 2005.

AFOE:

Soyons sérieux. Pourquoi ne pas avoir contrôlé un petit peu les chiffres? Eurostat évaluait les revenues sur l'impôt françaises en 2005 à 45,8% (pdf). C'est toujours un taux mirabolant et il explique beaucoup de la sous-prestation économique de la France (en effet, il n'y a que peu de discussion parmi les économistes à ce sujet) mais chaque pour cent compte dans ces-régions-là. Le taux français est bien en-dessous de la moyenne européenne de 50%.

La même chose pour les grèves: 34 sur 1000 jours ouvrables perdus à cause de grève en France, comparé à une moyenne de 53 pour toute l'UE. Mes amis d'AFOE sont en général des économistes classiques, traditionnels. Ils plaident sans arrêt pour des réformes dans le sens brittannique, thatchériens ou blairiens. Mais je les aime, car ils sont intellectuellement honnêtes. Ils ne supportent pas ...
... que chaque journaliste du planète se le croit permis à se foutre des statistiques officielles, dès qu'il s'agit de la France, seulement pour renforcer les préjudices du public qui est convaincu que la France ait la pire économie imaginable. Qu'il s'agit de la France, n'est pas une raison à ne pas faire le plus simple de ses devoirs.
Comme j'aimerais voir davantage d'articles comme celui-ci!
Ce n'est pas parce que je sois d'accord avec tous les aspects de la politique économique et sociale française. Les 35 heures, par exemple, sont pour moi l'exemple par-excellence d'une intention ratée dans son élaboration bureaucratique. Mais ils l'ont essayé, les Français, au moins!

Plus de respect, moins de préjugés, une connaissance basique des statitiques économiques, c'est une chose qu'il faut exiger des journalistes sérieux comme ceux de la BBC. Et vice-versa, naturellement, de leurs homologues français.

Malheureusement, cette relation d'incompréhension et de biais entre la France et la Grande-Bretagne n'est pas unique en Europe.

Il ne faut pas se fatiguer à la signaler, chaque fois qu'elle se pointe.

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11 avril 2007

Alger: Les salafistes du Maghreb unifiés par Al-Qaeda



Le Monde (11/4, daté du 13 avril) publie une interview avec le journaliste algérien Mohamed Sifaoui:








.. écouter...

Le Monde:

Le journaliste algérien Mohamed Sifaoui, qui publie mercredi son enquête "Combattre le terrorisme islamiste" (Grasset, 17,90 euros), estime qu'Al-Qaida est parvenu à rassembler sous sa bannière une mosaïque de mouvements salafistes violents du Maghreb. Cette nouvelle branche de l'organisation d'Oussama ben Laden en Afrique du nord viserait en priorité les régimes locaux, mais risque aussi de s'en prendre à des cibles en Europe. Propos recueillis par Matthieu Auzanneau.
La France, l'Espagne ont, parmi les pays européens, pris le devant à exprimer leur sincère soldarité avec les Algériens.
Sifaoui mentionne justement le fait que ces événéments ne se passent pas à une distance considérable de l'Europe. L'Afrique méditerranéen, maghrebin, fait partie de l'espace européenne. Une solidarité pleine, complète et active, qui a manqué pendant les luttes atroces en Algérie pendant les années '90, est dorénavant de mise. Elle doit être du même ordre que la soldarité européenne montrée après un autre 11/4: celui de Madrid!


06 avril 2007

Bouclier anti-missile américain en Europe?

Il est troué, il déplace les dégâts vers les pays hôtes, il risque de provoquer une nouvelle course aux armements nucléaires et il néglige l'effet des frappes de réponse: le bouclier anti-missile "global" américain qui veut s'insérer en Europe, cherchant ses ouvertures chez les anciens états-clients de l'URSS qui se sont convertis en clients américains depuis 1989.

À l'hebdomadaire allemand 'Der Spiegel' l'honneur d'avoir enfin recherché les opinions des experts sur les projets des ÉÉUU à établir une poste de radar sophistiquée en Tchéquie et une base de missiles-anti-missiles en Pologne. (Site-Web du Spiegel, le 3.4.07).

L'Europe, vue de l'espace, montrant les zones de pollution de l'air, qui coincident avec la densité de la population et des installations industrielles. Zone parmi les plus vulnérable de la terre, fort urbanisée, qui devrait subir les risques des missiles détournées par les nouvelles installations américaines, projetées en pologne et en Tchéquie.

Le bilan est alarmant. L'excuse de circonstance américaine (le danger que l'Iran représenterait), tombe complètement à l'eau sous le scrutin des experts consultés, des hommes qui ne sont point connus pour avoir des préjugés anti-américains.

La logique de la guerre froide était basée sur la "MAD", la Mutual Assured Destruction, c'est à dire: la Destruction Mutuelle Garantie. Le Bouclier crée la situation (ou, ce qui est encore pire: l'illusion) d'une destruction unilatérale assurée. Les pouvoirs nucléaires existants seraient privés de (ou insécurisés quant à) leur capacité de réponse à une attaque nucléaire. Ils vont développer des anti-systèmes, augmenter leurs arsenaux nucléaires de réponse et/ou concevoir des moyens de transport alternatifs, par exemple en cachant leurs armes dans des navires commerciaux, afin de s'assurer les moyens de répondre à une attaque. Conséquences: prolifération accélérée, davantage d'insécurité et amalgame avec les mouvements terroristes.

La victime d'une éventuelle implantation d'éléments du nouveau "bouclier" en Europe, est ... l'Europe. Si le bouclier fonctionne, des charges nucléaires iraniennes, pakistanaises, israeliennes ou françaises, risquent d'être interceptées dans l'air européen et d'exploser au-dessus de nos villes, même si elles n'y étaient pas destinées. Des Hiroshima (bombe nucléaire explosée à 600 M. d'altitude) surgiraient. Des attaques préventives contre les sites du 'bouclier' en Pologne et en Tchéquie amèneraient la guerre nucléaire au coeur de l'Europe. Et quoi sur la marge? Tout le monde est d'accord, que la Turquie, la Bulgarie, la Grèce et la Roumanie sont impossibles à protéger à cause de leur proximité du Moyen-Orient.

La situation ressemble un peu à celle des années quatre-vingt, lorsque le président Reagan voulut installer ses fusées à moyenne distance en Europe. C'est vrai: La Russie actuelle n'est plus la même que l'Union Soviétique. Mais la Russie regagne peu à peu sa position de grand pouvoir et, sans réagir, elle ne laissera pas s'approcher de si près une force de frappe nucléaire de ses frontières.

Le principal moyen d'éviter une échange de frappes nucléaires reste, paradoxalement, mais logiquement, le maintien des capacités de réponse. On peut supposer que les capacités de réponse anglaise et française soient suffisantes à éviter à ces deux pays d'éventuelles attaques nucléaires sur leur sol. Les pays les plus menacés sont donc l'Allemagne et les petits pays non-nucléaires membres de l'UE.

L'alternative européenne
Une alternative qui n'inquiéterait pas de la même façon la Russie et d'autres pays possédant l'arme nucléaire, serait l'extension du parapluie nucléaire français et anglais aux autres pays de l'UE. Sous condition, qu'ils ne provoquent pas les pouvoirs nucléaires non-UE. Celle-là serait la réponse la plus efficace à l'initiative américaine en question. La réponse aussi, qui est la plus redoutée par les cercles ultra-nationalistes américains, car elle leur priverait d'un atout qui s'appelle la 'coalition of the willing' dans le cadre de leurs aventures qui devraient constituer le 'siècle américain'.

Imposer aux pays récemment émancipés de leur état de client (russe ou américain), la prudence qui doit aller de pair avec la position de co-propriétaire d'armes nucléaires, ne sera pas facile. La séduction, savamment entretenue par l'administration américaine, de l'opportunité à marcher dans l'ombre du géant américain dans le monde entier, a malheureusement survécu les déceptions irakiennes des Polonais et d'autres Géorgiens.

Mais il est urgent, je le pense, que l'ancienne proposition française visant l'extension de son parapluie nucléaire à d'autres pays européens, soit réitérée. La menace d'une réponse fatale constitue encore toujours le meilleur moyen à décourager les pays à capacité nucléaire à utiliser leur arme. Dans la perspective historique de pays comme la Tchéquie (abandonnée en 1938 à Munich par la France et par l'Angleterre) et de la Pologne (partagée plusieurs fois entre l'Autriche-Hongrie, la Prusse et la Russie), une garantie nucléaire européenne va rencontrer pas mal de cynisme, compréhensible. Mais c'est faisable. La France devrait être prête à partager ses capacités nucléaires avec l'Europe, l'UE. Ce qui n'est pas évident non plus.

À ce sujet, nous ne connaissons pas les positions des candidat(e)s à la présidence française. Il serait intéressant de les savoir.

Plus en détail: Voir l'article du Spiegel (en Allemand, naturellement) et sa traduction en Anglais dans l'édition internationale de cet hebdomadaire.
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