19 février 2007

Beirouth: Suite - Les spectateurs

Voici: Beirouth comme elle était, juste après les bombardements israéliens.
Dans la note précédente, nous mentionnions le sens de responsabilité civique exceptionnel des Libanais, malheureusement terni par une attaque meurtrière d'il y a trois jours. Mais c'est un incident. Inévitable, dans les conditions qui existent.
La ligne générale reste d'actualité: malgré leurs différences, les Libanais restent unis.
Voici la photo gagnante d'ue prestigieuse prix mondiale:
(Reproduite de la page 3 du journal 'De Morgen', Bruxelles, du 17.2.07)

Tout le monde a cru qu'elle représente une sorte de curiosité malsaine ('tourisme du désastre') de la part de la scène huppée de Beyrouth.
Mais non: Le quotidien belge flamand 'De Morgen' du samedi 17 février dernier interviewe les personnes dans la voiture. Elles disent: "Une photo intéressante. Dommage qu'elle est à côté..."
Les occupants de la voiture sont des jeunes, il est vrai, pour la plupart chrétiens, qui habitent, eux aussi, le sud de la ville de Beyrouth, dans une enclave chrétienne. Leur voiture est une Cooper Mini, orange, leur prêtée par une amie, donc non pas une voiture de 'luxe'...
Les occupants de la voiture, interviewés par le correspondant du 'Morgen' chez eux, protestent: "Ce que cette photo dit, c'est que les Chrétiens sont tous contre l'Hezbollah. Mais c'est absolument pas vrai".
Deux d'entre eux, ont activement milité pour les victimes des bombardements, en cherchant des fonds, en distribuant des victuailles. En fait, ils étaient venus, pour voir, si leurs appartements à eux tenaient toujours debout! Ils avaient logé, dans leurs propres appartements, les réfugiés shiites des voisinages du Sud, en se serrant dans les appartements un peu moins risqués de leurs parents ou de leurs amis.
"Pourquoi on nous reproche d'être glamoureux?", se demande El Khalil, le fiancé d'une des filles photographiées dans la voiture, "Je m'excuse, mais nous sommes des Libanais et nous tenons à être au top de la mode. C'est comme ça chez nous."
Et son ami Bissan Maroun ajoute: "Nous n'étions pas du tout en train de nous amuser: Regarde nos regards - nous sommes ébranlés de voir les destructions dans notre quartier!"
Le photographe, contacté à New-York par le journal 'De Morgen' ne fait que confirmer les dires des jeunes: Spencer Platt: "Je suis un photographe des agences de presse. Je ne cherche pas à obtenir des prix. Je n'ai pas eu l'intention de juger le comportement des gens. Je n'avais aucune idée, qui c'étaient, les occupants de la voiture. Je n'ai pas eu l'intention de produire un propos politique."

Au lieu de mettre les activistes du Hezbollah dans un coin, cette photo, en fait, montre la solidarité, la communauté non-brisée des Libanais, tous victimes d'une intention malsaine et ratée. Bravo, 'De Morgen', d'avoir mis cela sur le tapis!
Et, nos amis américains, réfléchissez deux fois, s'il vous plaît, avant d'entamer encore un essai à monter les uns contre les autres au Liban! Ils ont compris. Ils ne se laissent pas avoir, ni par les Syriens, ni par les Français, ni par les Israéliens, ni par les Saoudiens, ni par les Iraniens, ni par vous!

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