Reuters, via Yahoo.fr (voir article précédent):
La Pologne obtient des concessions de l'UE en écornant son image
agrandir la photo VARSOVIE (Reuters) - La méthode de négociation polonaise du "tout ou rien" a fait certes reculer l'Union européenne, mais au prix de relations distendues avec ses autres partenaires européens.
Les frères Lech et Jaroslaw Kaczynski, président et Premier ministre de la Pologne, ont présenté le compromis arraché à Bruxelles sur un nouveau traité européen comme une victoire de leur conception de l'Europe, synonyme d'un renforcement du pouvoir de Varsovie.
Des observateurs estiment toutefois que les jumeaux sont, à plusieurs reprises, allés trop loin dans leur rhétorique avec, notamment, cette référence lancinante à l'occupation nazie lors de la Seconde Guerre mondiale. Ils redoutent que cette méthode ne nuise, à long-terme ou de façon permanente, à leurs relations avec l'Allemagne et avec d'autres poids lourds européens.
"Je suis heureuse qu'il y ait eu un compromis", a déclaré Irena Lipowicz, experte en diplomatie à Varsovie.
"Mais le coût politique et en terme d'image, autant que notre capacité à coopérer avec les autres pays, est très, très importants", a-t-elle ajouté.
Le Premier ministre polonais a choqué de nombreux responsables européens en affirmant que la Pologne méritait un plus grand nombre voix au Conseil européen étant donné que sa population serait aujourd'hui plus importante si les nazis n'avaient pas tué des milliers de Polonais entre 1939 et 1945.
NÉGOGIATEURS IMPRÉVISIBLES
Les chefs d'Etat européens ont également pris ombrage du fait que Jaroslaw Kaczynski, resté à Varsovie durant le sommet, ait annoncé vendredi en fin de soirée que la Pologne n'avait pas d'autre choix que d'utiliser son veto.
La chancelière allemande Angela Merkel, présidente en exercice de l'UE, avait alors déclaré qu'elle continuerait à travailler à l'élaboration d'un compromis de toute manière, avec ou sans la Pologne.
A l'issue du Conseil, le président Kaczynski s'est félicité de la capacité de son pays à désormais mieux coopérer avec les poids lourds européens.
"La Pologne est capable de coopérer avec la France, la Grande-Bretagne et aussi avec l'Allemagne", a-t-il déclaré.
Les jumeaux polonais ont toutefois gagné à Bruxelles une réputation de négociateurs imprévisibles et ceux-ci devront multiplier leurs efforts pour gommer l'image de la Pologne comme celle d'un nouvel entrant récalcitrant et peu commode.
Eurosceptiques et atlantistes convaincus, les frères Kaczynski ont menacé à plusieurs reprises de torpiller des décisions importantes prises par l'UE.
Certains en Europe expriment enfin de très fortes réserves à l'égard du tandem Kaczynski pour son apparente tolérance envers les comportements xénophobes ou la discrimination des homosexuels en Pologne.
Et une note précédente de Reuters stipulait:
samedi 23 juin 2007, 16h47Transformer l'Union Européenne en véritable force commune de dissuasion, c'est plus que jamais, la solution qui s'impose. Je sais, cela va tout à fait contre le courant eurosceptique du moment. Mais c'est la seule sortie possible.Implacable, la méthode Kaczynski peut donner l'impression d'avoir payé, mais à quel prix ?
Par EuroNews
Les Polonais eux-même ont conscience que les relations avec certains voisins européens, à commencer par l'Allemagne, n'en sortiront pas indemnes
Commentaires dans les rues de Varsovie : "Négocier si durement n'en valait peut-être pas la peine, mais le résultat a quand même montré que c'était utile. On verra plus tard ce qu'il en coûtera à la Pologne." "Je pense qu'il est bon que l'on ait finalement accepté un compromis, que l'on ait renoncé, mais se montrer obstiné, cela peut être payant à long terme." L'argument de trop aura été celui de la Seconde guerre mondiale, qui a valu à Varsovie une série de réprobations. Pour obtenir plus de poids dans les décisions européennes, la Pologne avait suggéré d'ajouter au chiffre de sa population les millions de victimes polonaises attribuées au régime nazi. En Allemagne, on se félicite du sang-froid de la chancelière : "Je n'aurais pas été aussi patient que Mme Merkel. Elle a fini par menacer d'aller de l'avant à 26 pays en laissant derrière la Pologne. Moi, je serais sorti de mes gonds bien plus tôt que ça. J'aurais demandé à la Pologne de revenir à la raison." "Ils veulent peser plus dans les votes, mais il y a des choses que je ne comprends pas, en particulier les déclarations qu'ils ont faites sur la Seconde guerre mondiale et les morts qui devraient être comptés dans le mode de calcul. Je ne peux pas le cautionner." Des réactions peu différentes de ce qui a été entendu dans les couloirs bruxellois. Ce marathon de 36 heures risque de poursuivre longtemps la Pologne des frères Kaczynski.